Tuberculose et candidose : des mutations dans un même gène entraînent une vulnérabilité aux deux types d’infections

Publié le 10/07/2015

Des mutations dans un gène précis, nommé RORC, entraînent, chez l’homme, une vulnérabilité à deux types d’infections, a priori sans lien : les infections mycobactériennes et les infections fongiques. C’est ce que démontrent les chercheurs du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, de l’institut Imagine, qui ont publié ce jeudi 9 juillet leurs travaux dans la revue « Science ».

Si l’implication du gène RORC dans l’immunité fongique avait déjà été démontrée, chez la souris, c’est la première fois qu’un lien est établi entre ce gène et une vulnérabilité aux infections mycobactériennes.

Des mutations chez 7 enfants

C’est en étudiant le profil génétique d’un enfant atteint d’une infection disséminée causée par le vaccin BCG que l’équipe du Pr Jean-Laurent Casanova a identifié des mutations dans le gène RORC. Les chercheurs ont d’abord cru à une coïncidence – ces mutations étant associées aux infections fongiques dans la littérature.

Mais des analyses ultérieures ont confirmé le lien entre mutations RORC et maladies mycobactériennes : de telles mutations ont été retrouvées chez 6 autres enfants atteints de maladie mycobactérienne, induite par la vaccination BCG ou par le bacille de la tuberculose. Les enfants étaient également tous atteints de candidose cutanéomuqueuse, une infection fongique.

Dysfonctionnement immunitaire

Dans leurs analyses de laboratoire, les auteurs ont montré que, chez les patients porteurs d’une mutation RORC, la production d’interféron-gamma par les lymphocytes T, en réponse à une infection mycobactérienne, est bloquée. Or, les interféron-gamma sont des acteurs clés dans l’immunité mycobactérienne.

De même, chez ces patients, la production d’interleukine-17 par les lymphocytes T, en réponse à une infection mycobactérienne, est elle aussi bloquée.

Les porteurs d’une mutation RORC ne sont donc pas capables de déclencher une immunité adéquate en réponse aux deux types d’infections. « Elles dépendent toutes les deux du même gène, mais par des mécanismes différents et elles ne s’influencent pas l’un l’autre », souligne le Pr Casanova, joint par « le Quotidien ».

Cette découverte ouvre plusieurs perspectives médicales. D’une part, la possibilité de dépister les patients susceptibles à ce genre d’infections ; d’autre part, une alternative thérapeutique dans la prise en charge des infections mycobactériennes pourrait consister à injecter aux patients des interféron-gamma, molécules qui sont sur le marché depuis 30 ans.

Clémentine Wallace

Source : lequotidiendumedecin.fr