Depuis 2015, 20 femmes souffrant d’endométriose rectale ont pu bénéficier d’un traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (Hifu), délivrés par l’appareil Focal-One (Société EDAP-TMS, France), utilisé initialement dans le cancer de la prostate. « Les résultats du protocole de recherche clinique, publiés en décembre dernier (1) dans la revue de la Société internationale d’échographie en obstétrique et gynécologie (ISUOG), sont très encourageants », indique le Pr Gil Dubernard, pionnier dans le développement de cette technique. Sur les 23 patientes incluses entre septembre 2015 et octobre 2018, qui toutes présentaient une endométriose rectale résistante au traitement médical, 20 ont pu être traitées, 13 totalement et 7 partiellement, sans complications majeures. Avec in fine une amélioration significative des scores symptomatiques et de qualité de vie chez la majorité des femmes.
Une alternative à une chirurgie potentiellement mutilante
« L’endométriose rectale est de prise en charge complexe », rappelle le Pr Dubernard. Elle touche environ 1 % des femmes en âge de procréer qui, souvent dès la puberté, présentent des douleurs intenses, des douleurs à l’exonération, des crampes rectales etc. La chirurgie d’exérèse peut être proposée dans les formes sévères en cas de résistance au traitement médical. Même s’il s’agit d’une pathologie fonctionnelle, c’est une chirurgie qui peut être mutilante et qui expose ces femmes jeunes au risque de « microrectum » et de dysurie, parfois à des stomies transitoires afin de réduire le risque de fistulisation vaginale. D’où l’intérêt suscité par des approches thérapeutiques non invasives comme les Hifu, technique utilisée depuis plus de 20 ans pour traiter certains cancers de la prostate.
La sonde, qui permet à la fois les tirs et le contrôle échographique, est introduite par voie endorectale sous rachianesthésie. De 30 à 60 tirs successifs d’Hifu sont réalisés en moyenne, chaque tir permettant de détruire avec une extrême précision l’équivalent d’un grain de riz de lésion, soit au total un nodule de la taille de 2 à 3 cc. L’intervention en elle-même dure quelques minutes, pour une présence au bloc inférieure à deux heures. « Aucune complication à type de fistule rectale n’a été rapportée et, sur les 20 femmes traitées dans le cadre de cette étude pilote, seules 3 n’ont eu aucune amélioration », précise le Pr Gil Dubernard. Point important, l’échec de la technique n’obère pas les résultats d’une chirurgie ultérieure.
Recherche de la dose optimale
La prochaine étape vise à valider ces premiers résultats et à préciser la dose optimale. La dose utilisée au cours de ces 20 premières interventions avait en effet été fixée (après une estimation réalisée par l’Inserm) à la moitié de celle utilisée dans le cancer de la prostate. Pour la prochaine étude, qui devrait recevoir prochainement le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), des doses plus élevées vont être évaluées sur une cohorte de 35 femmes recrutées à Lyon et dans quatre autres centres en France.
« Nous travaillons beaucoup sur le développement de ces techniques non invasives pour les patientes, dans d’autres localisations de l’endométriose (adénomyose, ligaments utérosacrés) et dans les fibromes », souligne le Pr Dubernard (lire aussi p XX).
Entretien avec le Pr Gil Dubernard, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon. (1) Philip CA et al. Ultrasound Obstet Gynecol. 2019 Dec 1. doi: 10.1002/uog.21937
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