De l'aveu de tous – y compris du ministère – elles avaient été les « grandes oubliées » des revalorisations du Ségur de la santé de juillet 2020.
Oubli en partie réparé puisqu’Olivier Véran a annoncé dès janvier une augmentation de leurs rémunérations à l'hôpital sous la forme d'une prime (100 euros net) et de hausse de salaire (environ 100 euros brut) – pour un gain mensuel équivalent aux 183 euros net déjà accordé aux autres personnels de la fonction publique hospitalière. La dépense supplémentaire équivaut à 40 millions d'euros. Pour autant, ce coup de pouce salarial ressemble à un solde de tout compte tant les autres revendications, notamment statutaires, sont restées lettre morte.
Cette déception a poussé la profession, déjà mobilisée à cinq reprises depuis le début de l'année, à lancer un mouvement de « week-end sans sages-femmes », à partir de ce vendredi, avant une manif nationale prévue le 7 octobre à Paris. Dans son appel à la grève, l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) réclame, outre des « revalorisations pour tous les modes d’exercice », l'ouverture d'un « grand chantier » sur la pratique (autonomie, effectifs, encadrement, recherche) ainsi qu'une amélioration des conditions de formation.
« L'été a été catastrophique dans les maternités où des sages-femmes se sont parfois retrouvées en garde à deux pour prendre une charge une dizaine de naissances, explique au « Quotidien » Caroline Combot, porte-parole de l'ONSSF. Ce qui nous inquiète est le manque d'attractivité. Nous assistons à des reconversions dès la sortie de la formation dans des proportions inédites ! » De fait, les jeunes diplômées sont embauchées à moins de 1 600 euros net. Et côté libéral, les négociations avec la CNAM au sujet d'un avenant à leur convention ont été suspendues pendant plus d'un an.
Formation inégale
Les évolutions statutaires réclamées de longue date par la profession ont été écartées à ce jour. Un rapport de l'Igas, rendu public début septembre, avait proposé d'octroyer aux quelque 23 000 sages-femmes en activité un statut intermédiaire « d'agent public spécifique » – les sages-femmes souhaitant, elles, bénéficier d'un statut comparable aux praticiens hospitaliers. Ce n'est donc pas pour demain. L'Igas suggère plutôt de recentrer leurs missions revalorisées sur « ce qui constitue leur cœur de métier : la prise en charge de la grossesse physiologique et le suivi gynécologique ».
Les revendications salariales ont été saluées par les obstétriciens. «Je ne sais pas pourquoi les sages-femmes avaient été oubliées du Ségur, commente le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syngof. Ce qui a été accordé est encore insuffisant. C'est est d'autant plus embêtant que nous avons constaté cet été dans nos maternités de vraies difficultés par manque de personnel ». Il souligne en revanche que la formation des sages-femmes demeure « très inégale » et juge que « lorsqu'elles vont travailler en ville, elles oublient une partie de ce qu'elles ont appris ». « Les nouvelles missions qui leur ont été confiées – comme la vaccination – l'ont été par défaut, parce qu'on manque de médecins et elles n'ont pas été accompagnées de formation », regrette le Dr de Rochambeau.
Très vigilant sur la question des périmètres des professions et des transferts de tâches, le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'est réjoui du rapport de l'IGAS appelant à recentrer les sages-femmes sur leur cœur de métier, avant d'envisager une extension de leurs compétences. « Recentrer les sages-femmes sur la prise en charge des grossesses physiologiques est essentiel, à condition que les pouvoirs publics confèrent à ces soignantes les moyens », recadre le syndicat. Les sages-femmes risquent de vouloir rouvrir ses dossiers que le ministre pensait avoir classés.
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