Le « frottis-truck », un cabinet de gynécologie mobile pour les femmes les plus précaires

Publié le 12/11/2018
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Depuis le début de l’année, le « Frottis-truck », un camion aménagé en cabinet gynécologique pour les femmes en grande précarité, a rencontré plus de 900 femmes alors qu’elles n’étaient que 700 en 2017.

Lancé en mars 2014 par l’Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF), l’utilitaire de 20 m3 sillonne les squats et les bidonvilles, les lieux fréquentés par les prostituées et les hôtels d’hébergement d’urgence pour répondre aux besoins spécifiques des femmes les plus précaires : évaluation gynécologique, frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus, accompagnement vers le soin, accès à la contraception ou encore distribution de kit comprenant des protections hygiéniques.

« L’objectif est de rapprocher de la consultation des femmes très éloignées du soin et, in fine, d'essayer de les réconcilier un peu avec leur corps », explique à l’AFP Julia Eid, sage-femme, responsable médicale de l’association qui maraude avec une psychologue. Parmi les femmes accompagnées, dont 92 % vivent à la rue, 95 % ont connu des violences, 11 % étaient enceintes et 60 % n’avaient pas de suivi gynécologique depuis plus d’un an.

L'organisation Médecins du Monde (MDM) avait déja dénoncé la dégradation de la santé des plus vulnérables à partir des chiffres tirés de l'activité des 15 centres de soins, d'accueil et d'orientation (CASO) de MDM, qui ont reçu 24 338 personnes en 2017, en très grande majorité (96,6 %) d'origine étrangère. Selon leur rapport, les femmes étaient aussi toujours plus nombreuses : près de 5 300 ont été reçues en consultation médicale généraliste, et 337 en gynécologie. Seules 12 % utilisent une contraception et 18 % ont déjà réalisé un frottis cervico-vaginal au cours de leur vie, soit 5 fois moins qu'en population générale. Près de la moitié des femmes enceintes ont un retard de suivi de grossesse, 27 % sont sans domicile fixe ; 6 % d'entre elles seulement ont des droits ouverts à la couverture maladie.

 

 

E. B.

Source : Le Quotidien du médecin: 9702