Les femmes atteintes d’endométriose et de fibromes utérins présenteraient un risque un peu accru de décès prématuré à long terme, selon une vaste analyse sur plus de 100 000 infirmières américaines de la cohorte Nurses’ Health Study II, suivies sur plusieurs décennies. Les cancers gynécologiques sont particulièrement en cause, mais pas seulement. L’endométriose est aussi associée à une surmortalité liée à la sénilité, aux maladies respiratoires et aux maladies du système nerveux et des organes sensoriels.
L’étude publiée dans le BMJ a porté sur les données de 110 091 femmes âgées de 25 à 42 ans en 1989. À partir de 1993 et tous les deux ans par la suite, ces femmes ont signalé tout diagnostic confirmé d’endométriose et de fibromes utérins. Au cours des 30 années de suivi, 4 356 décès prématurés (avant 70 ans) ont été enregistrés, dont 1 459 dus à un cancer, 304 à des maladies cardiovasculaires et 90 à des maladies respiratoires. L'incidence brute de la mortalité prématurée toutes causes confondues chez les femmes atteintes et non atteintes d'endométriose était respectivement de 2,01 et 1,40 pour 1 000 personnes-années.
Le risque de mortalité prématurée est accru de 31 % pour l’endométriose
Après ajustement sur l’âge, l'endométriose était associée à un risque de décès précoce accru de 19 %. Et, après ajustement sur un ensemble de facteurs de confusion (indice de masse corporelle, alimentation, activité physique, tabagisme…), le risque se révèle accru de 31 %, principalement à cause de cancers gynécologiques.
Dans le détail, les analyses de mortalité par cause spécifique montrent des associations avec la sénilité et des maladies mal définies (HR = 1,80), les maladies respiratoires non malignes (HR = 1,95), les maladies du système nerveux et des organes sensoriels (HR = 2,50) et les néoplasmes malins des organes gynécologiques (HR = 2,76).
Aucun surrisque de mortalité prématurée toutes causes confondues n’est en revanche observée chez les patientes atteintes de fibromes utérins. Cette pathologie est en revanche associée, dans les analyses de mortalité par cause spécifique, à un risque accru de mortalité liée à un cancer gynécologique (HR = 2,32).
« Le risque de mortalité causée par des maladies cardiovasculaires et respiratoires variait selon les catégories d'endométriose et de fibromes utérins, avec un risque accru de mortalité prématurée toutes causes confondues chez les femmes déclarant à la fois une endométriose et des fibromes utérins », soulignent par ailleurs les auteurs.
Des mécanismes sous-jacents encore à élucider
Plusieurs hypothèses explicatives sont avancées. Concernant la mortalité par cancer, « des voies mécanistiques communes », comme l'hyperœstrogénie, le stress oxydatif et l'inflammation, pourraient contribuer à la fois à ces maladies gynécologiques et à la mortalité par cancer. Des facteurs génétiques communs pourraient aussi être en jeu.
Pour la mortalité due aux maladies respiratoires, à la sénilité ou aux maladies du système nerveux, les hypothèses « sont moins simples à émettre », reconnaissent les auteurs. Ils mettent en avant les données récentes sur la santé des femmes atteintes d'endométriose, à la fois plus susceptibles de développer des formes longues et sévères du Covid, mais aussi de présenter de l'asthme et des allergies. « Ces données pourraient étayer les voies par lesquelles une mortalité prématurée plus importante due aux maladies respiratoires est plausible », estiment-ils. La mortalité par maladie du système nerveux pourrait quant à elle en partie s'expliquer par la neuroinflammation et un risque accru de douleur nociplastique et d'affections liées à la douleur multisystémique observées chez les femmes atteintes d'endométriose, poursuivent les auteurs.
Si des études sont nécessaires pour confirmer les résultats et explorer les mécanismes à l’œuvre, les auteurs encouragent d’ores et déjà les médecins qui suivent ces patientes, en particulier les généralistes, à prendre en compte ces observations dans leur prise en charge.
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