Jugeant l’expression médiatique de l’événement généré par les pilules de 3e génération, démesurée et dangereuse, le Pr Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s’inquiète des risques encourus par les patientes qui pourraient interrompre de façon inopinée leur contraception orale.
« Les prescriptions de pilules doivent être réglées en fonction de la balance bénéfices/risques », explique au « Quotidien » le Pr Bernard Hédon, président du CNGOF.
« Depuis toujours, poursuit le spécialiste, nous savons que cette prescription relève d’une attitude médicale sérieuse. L’opprobre jeté sur les pilules de 3e génération s’est étendu à celles de 2e génération. Pourtant, toute contraception ne doit pas être jetée aux orties. Nous sommes assaillis d’appels téléphoniques de nos patientes ce qui nous permet de leur répondre individuellement, mais nous craignons cependant fortement qu’un abandon inopiné de ce mode de contraception aboutisse à un nombre élevé de grossesses non désirées et, par conséquent, d’IVG. Il ne faut pas oublier que le risque de thrombose au cours d’une grossesse est plus élevé que celui lié à la prise de pilule œstroprogestative. »
Des recommandations
Le CNGOF a donc émis quelques de façon non exhaustive, quelques précisions à l’intention des médecins prescripteurs :
Suite aux études, encore récentes, faisant état d’un surrisque de thrombose veineuse avec les pilules de 3e génération comparées à celles de 2e génération, la recommandation de prescription d’une pilule de 2e génération en première intention est justifiée ; un résumé de la recommandation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) est repris sur le site du CNGOF depuis le mois d’octobre 2012 :
- il est nécessaire d’informer la patiente de ce risque potentiel et de la nécessité de précautions particulières dans certaines circonstances (intervention chirurgicale, long voyage aérien...) ;
- le risque de révélation d’une thrombose veineuse apparaît principalement pendant les premières semaines de la prescription. Pour cette raison, et aussi en raison des autres effets secondaires potentiels de toute méthode contraceptive, il ne faut pas modifier une contraception établie depuis plusieurs mois ;
- le risque de thrombose lors d’une grossesse est deux fois supérieur à celui des estro-progestatifs contraceptifs, quels que soient la génération ou le mode d’administration de la contraception choisie (oral, vaginal, percutané) ;
- la réminiscence du « pill scare » (panique à la pilule) de 1995 et la vague d’IVG qui s’en est suivie fait craindre que l’histoire ne se répète.
Le CNGOF a réuni depuis plusieurs mois un groupe de travail sur le sujet ; ses conclusions pourront être publiées après un processus de validation qui n’est pas encore achevé.
* Pr Bernard Hédon (Montpellier). Président du CNGOF, pour le groupe de travail CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) - FCGM (Fédération des Collèges de Gynécologie Médicale) - GEHT (Groupe d’Étude sur l’Hémostase et la Thrombose).
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