Serait-il possible de renforcer la réponse immunitaire innée contre une menace infectieuse particulière ? Théoriquement, oui. Des travaux menés par les chercheurs de l’institut Pasteur et de l’Inserm, menés chez la souris et publiés dans « Science », montre la double fonction des cellules lymphoïdes innées de type 3. Ces dernières n’agissent pas seulement en phase précoce, elles contribuent aussi à la mise en place d’une mémoire destinée à lutter contre de futures infections.
Le modèle d’étude mobilisé par les chercheurs est l’infection intestinale à Escherichia coli, qui représente près de 9 % des causes de décès chez l’enfant dans le monde. En 2008, l’unité Immunité innée (Institut Pasteur/Inserm) dirigée par James Di Santo avait déjà décrit l’existence des cellules lymphoïdes innées de type 3. Cette nouvelle famille de lymphocytes joue un rôle essentiel, notamment dans les muqueuses intestinales, dans la mise en place de la réponse immunitaire innée caractérisée par une production de cytokines pro-inflammatoires.
Production massive d’interleukine-22
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont exposé les souris à de faibles doses de Citrobacter rodentium (l’équivalent murin de l’E. coli chez l’homme). Les scientifiques ont constaté que cette exposition limitée induit des modifications durables de la fonction des cellules lymphoïdes innées de type 3. Lors d’une deuxième infection, certaines d’entre elles, entraînées lors de la première exposition à la bactérie, se multiplient plus rapidement et produisent massivement de l’interleukine-22.
À l’avenir, les auteurs espèrent qu’il sera possible de s’appuyer sur cette nouvelle capacité de l’immunité innée à garder la trace d’anciennes infections pour améliorer les défenses générales de l’organisme, en particulier contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et les cancers.
N. Serafini et al., Science. 2022. doi: 10.1126/science.aaz8777
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