La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire systémique a composante auto-immune, au cours de laquelle le système immunitaire s’attaque a la synoviale des articulations.
Malgré les progrès, tous les traitements actuels reposent sur des suppresseurs non spécifiques de la réponse immune inflammatoire ; leur efficacité n’est pas optimale et ils sont associés a des effets indésirables.
Une thérapie plus spécifique, ciblant les antigènes en cause, pourrait être plus efficace et mieux tolérée.
À cette fin, l’équipe australienne du Pr Ranjeny Thomas (University of Queensland Diamantina Institute) a développé une immunothérapie, appelée « Rheumavax », pour réduire la réaction immune aux peptides citrullinés chez les patients porteurs d’une susceptibilité génétique à la PR. En effet, 70 % des patients souffrant de PR ont des anticorps antipeptides citrullinés (appelés ACPA ou anti-CCP) détectés dans le sang, en particulier les individus portant les allèles à risque HLA-DRB1.
Cellules dendritiques
Les résultats de l’essai de phase 1, publiés dans la revue « Science Translational Medicine », sont positifs.
L’immunothérapie individualisée a été préparée en isolant, à partir du sang du patient, des cellules dendritiques (présentatrices d’antigènes) ; celles-ci sont mises en culture avec un modulateur immunitaire et exposées a des peptides citrullinés (4 types), afin de générer des cellules dendritiques tolérogènes (Rheumavax). Ces cellules dendritiques modifiées sont réinjectées au patient (par voie intradermique dans la cuisse) de façon à rééduquer les lymphocytes T auto-réactifs et restaurer la tolérance à ces peptides. L’étude a inclus 34 patients souffrant de PR (diagnostiquée depuis moins d’un an) et porteurs d’allèles à risque HLA-DRB1 et d’anticorps antipeptides citrullinés (ACPA) ; 18 d’entre eux ont reçu une injection de Rheumavax (2 doses testées), les 16 autres patients ont servi de témoin.
Amélioration clinique
Le Rheumavax est bien toléré (effets secondaires minimes, de grade 1). Un mois après traitement, les chercheurs ont observé une réduction des lymphocytes T activés avec augmentation relative des lymphocytes T régulateurs, et une diminution des molécules pro-inflammatoires. Une amélioration clinique est observée chez les patients traités, qui présentent moins d’articulations gonflées.
« Ces résultats prometteurs posent les bases pour développer une technologie vaccinale plus économique et pratique sur le plan clinique », précise le Pr Thomas. « La technique actuelle ne serait pas idéale pour un traitement ou une prévention à grande échelle de la PR car elle est coûteuse et demande du temps », ajoute-t-elle. L’équipe développe déjà cette technologie en collaboration avec une start-up (Dendright Pty Ltd) et la compagnie Janssen Biotech Inc. « Nous avons encore un long chemin à faire, confie-t-elle au « Quotidien », mais cette étude preuve de concept ouvre la voie au développement et aux essais d’immunothérapies personnalisées pour les maladies auto-immunes comme la PR ».
Si l’approche s’avérait un succès dans la PR, elle pourrait s’appliquer a d’autres maladies auto-immunes comme le diabète de type 1.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024