C’est un feu vert très attendu à La Réunion confrontée depuis plusieurs mois à une épidémie de chikungunya intense : la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de vacciner avec le vaccin Ixchiq de Valneva en priorité les personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles présentant des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques et neurovasculaires), puis les adultes de 18 ans et plus présentant des comorbidités ainsi que les agents de la lutte antivectorielle. En l’absence de cas à Mayotte, à ce jour, la HAS ne recommande pas de campagne de vaccination.
Au 25 février, 1 773 cas autochtones de chikungunya, transmis par le moustique tigre, ont en effet été dénombrés à La Réunion depuis le 23 août 2024, dont 1 631 depuis le début de l’année 2025. Symptomatiques dans 75 % des cas, les infections se traduisent par une fièvre brutale accompagnée de douleurs musculaires et articulaires intenses suivie d'une asthénie. Elles peuvent s’aggraver chez certains, avec des complications neurologiques, musculaires, cardiovasculaires ou la décompensation d’une maladie chronique préexistante ; ou se chroniciser chez un tiers des patients.
C’est dans ce contexte que le ministère de la Santé a demandé à la HAS un avis en urgence sur la stratégie vaccinale à mettre en place. Ceci, alors que Ixchiq est le premier vaccin à avoir reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en juin 2024. Sans être (encore) remboursé en France. Vaccin vivant atténué, il est indiqué en dose unique en prévention chez les individus âgés de 18 ans et plus, et contre-indiqué chez les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées. Un autre vaccin (recombiné avec adjuvant) appelé Vimkunya et développé par Bavarian Nordic, vient de recevoir fin février une AMM, cette fois dès 12 ans. La HAS se prononcera « dans les prochaines semaines » sur son utilisation.
Ni les femmes enceintes, ni les immunodéprimés
Pour rendre son avis, la HAS s’est notamment appuyée sur les caractéristiques du vaccin Ixchiq. « Les résultats disponibles sont suffisants pour le recommander à des populations à risque de formes graves et/ou chroniques, pour lesquelles le bénéfice attendu est important ». En effet, il induit une réponse immunitaire protectrice chez 98,2 % des personnes vaccinées, dont la durée est prolongée (au moins deux ans). La tolérance est satisfaisante, avec des effets secondaires de courte durée (fièvre, céphalées, asthénie, myalgies), pouvant parfois mimer une infection à chikungunya.
Compte tenu de la persistance très prolongée de l’immunité naturelle conférée par une infection antérieure, et en raison d’un nombre limité de doses de vaccin disponibles, la HAS recommande de vacciner en priorité les personnes à risque de formes graves, n’ayant jamais eu par le passé de diagnostic clinique ou biologique d’infection par le virus du chikungunya (sur la base de l’interrogatoire du patient, voire, en cas de doute, à la lumière d’une sérologie), sans toutefois recommander un dépistage pré-vaccinal. L’âge étant le principal facteur de risque de gravité (plus de la moitié des cas graves concernent les seniors), les plus de 65 ans sont prioritaires, notamment avec des comorbidités, ainsi que les adultes de plus de 18 ans avec comorbidités. « La HAS ajoute également à la liste des populations éligibles à la vaccination à court terme les professionnels de la lutte antivectorielle, en raison du rôle indispensable dans la gestion de l’épidémie et de leur exposition particulière aux moustiques », lit-on.
La HAS ne recommande pas, à ce stade, l'utilisation du vaccin Ixchiq chez la femme enceinte et, s’agissant d’un vaccin vivant atténué, la vaccination est contre-indiquée chez les personnes immunodéprimées.
Enfin, est rappelée l’importance pour les personnes, même vaccinées, de continuer à appliquer des mesures de protection individuelle à l’égard des piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires…). Plus largement, des travaux sont attendus pour établir une stratégie vaccinale globale de lutte contre les épidémies de chikungunya dans les prochains mois.
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