Alors que l'OMS a décidé jeudi de ne pas déclencher l'alerte internationale face au virus apparu en Chine, les pays prennent des mesures pour prévenir le risque de contagion.
« Le moment est crucial, estime le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et chef de service du SAMU 95. La transmission humaine est avérée par voie aéroportée ou manuelle. La population doit avoir le réflexe de faire le 15, plutôt qu'aller aux urgences ou dans les cabinets médicaux et prendre le risque de contamination en salle d'attente. On a la capacité d'éviter toute propagation en France en repérant très tôt les premiers cas possibles. »
Un classement par le 15 en cas possible ou exclu
De la même façon, lors d'une demande de rendez-vous au téléphone, les médecins traitants et leur secrétariat doivent réorienter leurs patients vers le 15 devant toute suspicion. « Il s'agit de patients de retour de voyage ou en contact avec quelqu'un de retour de voyage, en particulier en provenance de l'épicentre épidémique de Wuhan, poursuit le Dr Ricard-Hibon. Les symptômes ne sont pas spécifiques : fièvre, courbatures, asthénie, symptômes respiratoires, toux, sueurs... Au moindre doute, faire le 15. »
Au SAMU, des professionnels formés sont en relation avec les experts pour prendre en charge ces patients. « À l'aide de questionnaires très précis, prenant en compte notamment la chronologie et la géolocalisation, les patients sont classifiés en cas possibles ou exclus, explique-t-elle. Si le cas est possible et sans signe de gravité, des ambulanciers volontaires équipés sont habilités à assurer le transfert. S'il y a des signes de gravité, ce sont les équipes du SAMU qui viennent sur place. »
Si un patient vient malgré tout consulter au cabinet d'un médecin, le port du masque est recommandé pour le patient et le soignant, le temps que le classement se fasse au téléphone par le SAMU. « Le patient doit être mis en isolement tant que le diagnostic n'est pas exclu », insiste-t-elle.
Des détecteurs de fièvre dans certains aéroports
À l'étranger, certains pays ont mis en place des tests par caméras thermiques dans les aéroports, comme dans le Golfe, notamment à Dubaï, pour les voyageurs en provenance de Chine, ou encore à l'aéroport de Fiumicino à Rome, seulement pour les voyageurs en provenance de Wuhan.
L'aéroport de Rome effectue trois liaisons directes avec la ville de Wuhan, et plusieurs vols avec escales. Il est prévu que les passagers fiévreux en provenance de l'épicentre passent des examens médicaux plus approfondis avant d'être placés éventuellement en isolement. Outre les gestes essentiels (lavage des mains, port du masque), des affiches conseillent aux Chinois résidant en Italie, et de retour d'un séjour dans les zones à risque, de consulter immédiatement leur médecin généraliste en cas de symptômes dans les deux semaines.
Pour le Dr Ricard-Hibon, les détecteurs de fièvre sont « une fausse sécurité, indique-t-elle. Certains patients ne sont pas repérés car ils sont encore en incubation ou ont pris un antipyrétique, comme le paracétamol. Les mesures d'information de la population sont capitales. En France, le dispositif du 15 est très bien organisé depuis les dernières alertes sanitaires. Dans la grande majorité des cas, le diagnostic est exclu et cela permet de rassurer. C'est le réflexe essentiel à avoir dans ce contexte en France. »
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