Malgré les pressions de la communauté médicale et les ravages de l’épidémie de SARS-CoV-2 qui a fait près de 35 000 morts en Italie selon les données de la Protection civile et quasi 240 000 cas de contaminations avérées, la vaccination n’a toujours pas très bonne presse en Italie. C’est ce qu’affirme une enquête de l’institut de recherche EngageMinds HUB de l’Université catholique de Rome, menée auprès d'un échantillon de 1 000 personnes interrogées entre le 12 et le 18 mai.
Premier constat important : 41 % de la population ne fait pas confiance au vaccin mis au point par le laboratoire italien Advent-Irbm et l’institut Jenner de l’université d’Oxford, l'un des plus avancés et annoncé pour une mise sur le marché en octobre prochain.
Les Italiens âgés de 35 à 59 ans seraient les plus dubitatifs. « En général, les jeunes et les personnes âgées, c’est-à-dire les étudiants et les retraités, approuvent la vaccination contre le Covid-19. En revanche, nous avons remarqué que les personnes âgées de 35-59 ans qui appartiennent à la classe ouvrière et à la catégorie des employés et des petits entrepreneurs représentent 48 % des 41 % d’Italiens contre la prophylaxie », explique la Pr Guendalina Graffigna, directrice du centre de recherches EngageMinds HUB.
Des doutes sur la fiabilité du développement clinique
Mais pourquoi une telle défiance ? D’abord parce que la plupart des personnes interrogées estiment que le vaccin italo-britannique n’a pas encore été suffisamment testé. Ils affirment aussi, que les données sur la durée de protection sont approximatives. « La grande question est : faudra-t-il vacciner la population une fois par an ou une dose unique conférera une protection à vie comme pour le virus de l’hépatite B ? Pas facile de répondre car il faut du temps et surtout, multiplier les tests », relève la Dr Patrizia Russo, biologiste médicale spécialisée en pathologie clinique.
L'intérêt de la vaccination diversement perçu
Une autre donnée importante de cette étude concerne l’aspect psychologique des personnes interrogées. Si pour certains, la vaccination est une affaire de responsabilité collective, d'autres estiment en revanche que le risque de contamination ne peut pas être géré à 100 % même avec la prophylaxie. Et quelques-uns balaient la discussion ou tergiversent pour éviter de confesser leurs positions anti-vaccinations. « Ces données démontrent que le gouvernement va devoir lancer une campagne de sensibilisation sur l’importance de la vaccination contre le Covid-19, aujourd’hui il ne s’agit plus seulement de combattre les fakenews et de relayer des informations utiles mais plutôt d’éduquer la population », affirme la Pr Fraffigna.
Un appel à des campagnes de sensibilisation
Ce refus de la prophylaxie concerne également le vaccin contre la grippe saisonnière soutenu par les praticiens et que le gouvernement voudrait rendre obligatoire à la rentrée pour aider les médecins à dépister plus facilement les nouveaux cas de contamination de Covid-19. Selon des études publiées à la veille de la pandémie, de nombreux Italiens estiment « que la grippe n’est pas mortelle, que seulement les personnes âgées doivent se faire vacciner et qu’il s’agit d'une simple maladie saisonnière ».
Après l’épidémie de SARS-CoV-2, tout en reconnaissant que la prophylaxie contre la grippe saisonnière peut être utile au niveau collectif, une tranche importante de la population refuse pourtant encore et toujours de se faire vacciner. Alors que faire pour inverser la tendance ? « Modifier en profondeur la perception des personnes par rapport à leur santé et lancer des campagnes ponctuelles de prévention pour faire passer un seul message : celui de notre responsabilité envers la collectivité », affirme la Pr Fraffigna.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024