Les investigateurs de la cohorte French Covid viennent de publier dans la revue « Clinical Microbiology and Infection » les premières données de suivi à 6 mois de 1 137 patients (sur les 4 247 recrutés dans la cohorte). Ils constatent que 3 mois après leur hospitalisation, 32 % n’ont plus de symptômes, 42 % ont un ou deux symptômes persistants et 27 % ont au moins trois symptômes. Au bout de 6 mois, 40 % des patients n'avaient plus aucun symptôme, 36 % avaient un ou deux symptômes et 27 % avaient 3 symptômes persistant. La catégorie des patients souffrant de trois symptômes ou plus restait donc constante au cours des 6 mois de suivi.
Dyspnée, fatigue, douleurs…
Sur les 10 symptômes qui ont été systématiquement recherchés (fatigues, dyspnée, arthralgies, myalgies, céphalées, rhinorrhée, toux, maux de gorge, agueusie et anosmie), les plus fréquents étaient la fatigue, la dyspnée et les douleurs articulaires et musculaires. « La présence de douleurs articulaires et musculaires dans cette liste est assez surprenante, commente le Dr Cédric Laouénan (service de santé publique et médecine sociale de l'hôpital Bichat - Claude-Bernard) qui coordonne la cohorte. On retrouve ce genre de séquelles de long terme dans des infections par des virus comme le chikungunya qui a un tropisme ostéoarticulaire, mais c'est la première fois que l'on observe cela avec un virus respiratoire ». De fait, on ne connaît pas, à l'heure actuelle, les causes biologiques des douleurs articulaires et musculaires.
Les auteurs ont identifié trois facteurs de risque de persistance des symptômes : le sexe féminin, l'admission en service de réanimation (c'est le cas de 30 % des patients) et le fait de présenter au moins trois symptômes lors de leur admission hospitalière.
Ces symptômes persistants pourraient-ils être la conséquence d'un risque accru de décompensation des comorbidités préexistantes, très fréquentes chez ces patients ? « Nos données ne vont pas dans ce sens, répond le Dr Laouénan. Le fait d'avoir plus de deux comorbidités n'était pas associé à un surrisque de persistance des symptômes ».
Un suivi jusqu'à un an et demi
« Je ne suis pas favorable à l'appellation Covid long qui laisse entendre que le virus est toujours présent, insiste le Dr Laouénan, car cela sous-entend que le virus est toujours présent ». Des tests nasopharyngés ont prouvé l'absence du virus chez tous les membres de la cohorte à partir du 2e mois maximum.
Pour l'heure, les données de French covid ne permettent pas de discriminer les symptômes liés au covid de ceux liés au passage en réanimation. Selon le Dr Laouénan, il ne sera possible d'effectuer une distinction qu'avec un nombre de patients plus conséquent. « C'est un des avantages que nous espérons retirer de l'intégration de notre cohorte au consortium international Isaric (spécialisé dans les infections respiratoires et émergentes) et au projet européen Orchestra, explique-t-il. Cela permet en effet de générer une grande quantité de données récoltées de manière homogène ».
Le suivi va se poursuivre, avec de nouvelles étapes à 12 et 18 mois. Des tests de mémoire, de concentration, de qualité de vie et un dépistage du stress post-traumatique seront menés à ces occasions. Stoppée depuis novembre 2020, la cohorte a recommencé son recrutement depuis 3 semaines afin de comparer les caractéristiques des symptômes à distance des infections par des nouveaux variants.
« On veut également décrire les réponses immunitaires respectives des patients admis en réanimation et de ceux admis en service de médecine, complète le Dr Laouénan. Nous allons aussi chercher s'il existe des caractéristiques qui prédisposent à la sévérité de la maladie ». Des scanners pulmonaires et des explorations fonctionnelles ont également été faits en vue de rechercher des traces de fibrose pulmonaire.
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