L’étude Covit-Trial, menée par le CHU d’Angers, met en évidence le bénéfice en termes de mortalité d'une forte dose de vitamine D, administrée dès le diagnostic de Covid, dans une population de patients âgés. Les résultats sont parus dans « Plos Medicine ».
« Jusque-là, nous avions des présomptions scientifiques quant à l'effet protecteur de la vitamine D en cas d'infection Covid. Aujourd'hui, notre étude apporte la preuve scientifique qu'il existe un bénéfice à supplémenter les personnes fragiles âgées », indique le Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie du CHU d’Angers et investigateur principal de l'étude. Dans cette population, la vitamine D représente ainsi un traitement adjuvant qui vient compléter l'arsenal disponible pour lutter contre la maladie.
Une diminution de 60 % de la mortalité
Quelque 260 patients de neuf centres français ont été inclus entre le 15 avril et le 17 décembre 2020, lors de la première vague épidémique. L'âge médian des participants, dont 58 % étaient des femmes, était de 88 ans, et 96 % d'entre eux avaient 75 ans ou plus. Aucun patient ne recevait de ventilation mécanique lors de la randomisation, et 21 % des patients bénéficiaient d'une oxygénothérapie. Les participants ont été répartis en deux groupes : 130 ont reçu une forte dose de vitamine D3 (400 000 UI) et 130 ont reçu une dose standard (50 000 UI). Dans les deux groupes, la vitamine D3 a été administrée dans les 72 heures suivant le diagnostic de Covid.
Dans le groupe ayant reçu une forte dose, 6 % des participants sont décédés à J14 (critère principal) contre 11 % des patients du groupe faible dose, ce qui correspond à une diminution de la mortalité de près de 60 %.
Une population très à risque d'hypovitaminose D
La piste de la vitamine D a été rapidement envisagée par l'équipe du CHU d'Angers alors que cette hormone est impliquée dans la régulation du système osseux et a aussi un effet anti-inflammatoire, déjà observé dans certaines viroses. « La vitamine D régule également le système rénine-angiotensine, dont la perturbation par le coronavirus entraîne l'orage cytokinique, pourvoyeur d'asphyxie, souligne le Pr Annweiler. Nous avons donc voulu tester si la correction de la carence en vitamine D en cas de déficit est bénéfique sur l'évolution du Covid et la prévention des formes sévères et de la mortalité. »
L'étude porte ainsi sur une population particulière, qui manque de manière habituelle de vitamine D : « de 80 à 100 % des personnes âgées sont carencées, notamment du fait de l'alimentation et du manque d'exposition au soleil », précise le gériatre, ajoutant que les résultats de Covit-Trial ne peuvent pas être extrapolés à une population plus jeune, moins sujette à l'hypovitaminose D et au risque de forme sévère de Covid.
« Du fait des caractéristiques de la population de notre étude, il ne nous a pas semblé éthique de prévoir un groupe recevant uniquement un placebo, sans supplémentation en vitamine D, poursuit le Pr Annweiler. Et avec une forte dose, nous avons voulu corriger le plus vite possible la carence et nous avons constaté que cette approche avait effectivement un intérêt. »
Évaluer l'intérêt d'une dose d'entretien
Jusqu'à six jours, l'effet sur la mortalité était similaire entre les deux groupes de patients, quelle que soit la dose de vitamine D reçue. Au-delà, le taux de décès a ralenti significativement jusqu'à J14 dans le groupe des patients ayant reçu une forte dose de vitamine D3, alors qu'il a continué d'augmenter dans l'autre groupe.
À J28 néanmoins (critère secondaire), l'effet protecteur de la vitamine D s'est atténué et la différence en termes de mortalité n'était pas significative entre les deux groupes. « Nous nous attendions à ce résultat, car les patients ont reçu une dose unique de vitamine, dont la demi-vie est de deux à trois semaines, relève le gériatre. Ce constat nous incite ainsi à évaluer l'intérêt d'une dose quotidienne ou hebdomadaire d'entretien pour maintenir le niveau de vitamine D et faire durer le bénéfice. »
Alors que l'étude a été réalisée en début de pandémie, avant l'arrivée du variant Omicron, associé « à moins de formes hospitalières et asphyxiantes », le Pr Annweiler estime qu'il sera « certainement utile de disposer d'un certain nombre d'outils thérapeutiques, dont la vitamine D, qui ont cet effet anti-inflammatoire et de régulation du système rénine-angiotensine et qui seront peut-être utiles à l'avenir contre de possibles nouveaux variants ».
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