Dans une cohorte française composée des agents du Service de santé et de secours médical du Service départemental d’incendie et de secours de l'Hérault (SDIS 34), des RT-PCR se sont révélées positives au SARS-CoV-2 plusieurs semaines après l'apparition des symptômes du Covid-19.
Fin avril, une étude chinoise parue dans « Clinical Infectious Diseases » mettait aussi en évidence ce phénomène, avec des tests RT-PCR positifs jusqu'à 6 semaines après le début des symptômes.
« Selon des publications, on peut en effet retrouver du génome du virus à distance des premiers symptômes. Néanmoins, à ma connaissance, aucune publication ou rapport de cas n'a montré que les personnes concernées étaient encore contaminantes ou pouvaient développer de nouveau un Covid-19, indique le Dr Jean-François Gehanno membre du groupe de travail Covid-19 du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Il faut faire la différence entre la présence du génome du virus et la présence de virus infectant. »
75 agents testés positifs
Un constat qui a toutefois suscité des interrogations au sein de l'équipe médicale du SDIS 34, qui assure le suivi médical de tous les agents, soit 4 479 sapeurs-pompiers et 229 personnels administratifs et techniques. « Le service a été amené à suivre tous les agents qui ont développé des symptômes évocateurs de l'infection Covid-19 », raconte le Dr Christian Poirel, médecin-chef adjoint du service. Rapidement, le service s'est organisé pour limiter la propagation du virus au sein de ses équipes et « maintenir la capacité opérationnelle. »
Dès le lendemain de l'identification d'un premier cas le 13 mars, une cellule dédiée au Covid a été mise en place afin d'assurer un suivi téléphonique quotidien des agents symptomatiques, d'identifier et de suivre les cas contacts. Et dès le 23 mars, un centre de dépistage a été installé en partenariat avec le laboratoire de biologie médicale Labosud (groupe Inovie), sous la forme d'un « drive », pour réaliser des tests RT-PCR. « Nous réalisons également des tests sérologiques chez les agents volontaires », poursuit le Dr Poirel.
Au total, sur 156 RT-PCR réalisées, 75 étaient positives au SARS-CoV-2. « Seuls trois patients ont dû être hospitalisés, les autres ont pu être suivis en ambulatoire par notre service, et la plupart ont eu des signes mineurs », précise le médecin-chef adjoint.
Huit agents positifs après 40 jours
La reprise du travail s'est faite suivant l'avis du HCSP : arrêt de 7 jours et reprise au 8e jour en cas d'absence de symptômes fiévreux et respiratoires pendant 48 heures, avec port du masque pendant 7 jours. « Mais début mai, nous avons refait des RT-PCR et nous nous sommes aperçus qu'une dizaine d'agents étaient encore positifs près de 20 à 30 jours après le début des symptômes alors qu'ils avaient repris le travail, rapporte le Dr Poirel. Même si des études montrent qu'une RT-PCR positive n'est pas synonyme de contagiosité, nous avons appliqué le principe de précaution en remettant à l'isolement ces agents une semaine de plus, ou au moins en renforçant les mesures barrières. Nous les avons aussi suivis sur plusieurs semaines en réalisant de nouvelles RT-PCR. » Résultat : huit agents avaient une RT-PCR positive au-delà de 40 jours après l'apparition des symptômes. L'un d'entre eux était même positif à 63 jours.
Si la RT-PCR renseigne sur la présence ou non du virus, cette technique ne permet ni de quantifier le virus ni de savoir s'il est viable. « Pour voir s'il est viable, les laboratoires de référence ont mis en culture les échantillons de ces patients restés positifs plusieurs semaines. Les cultures étaient négatives, mais nous pensons qu'il s'agit plutôt de fragments d'ARN non réplicatifs et donc que les prélèvements ne sont pas infectieux ni contagieux, détaille le Dr Guillaume Teissier, médecin biologiste et associé du laboratoire Labosud. À l'heure actuelle, les données manquent concernant la contagiosité du patient, tout comme le risque de réactivation virale. »
Et si le doute subsiste, le risque de contagiosité semble faible, rapporte le Dr Teissier, et les observations du service de santé du SDIS 24 sont plutôt rassurantes : « Nous sommes en train de regarder ce qu'il s'est passé au sein de la structure intrafamiliale des personnes qui sont restées deux mois avec du virus dans la sphère ORL, et a priori, il n'y a pas eu de contamination », souligne le Dr Poirel.
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