Depuis un mois, aucun nouveau foyer de grippe aviaire n’a été rapporté dans les élevages français. La France a donc recouvré, le 4 février, son statut indemne d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) et valide sa stratégie de vaccination des élevages. La surveillance reste cependant de mise compte tenu du retour prochain d’oiseaux migrateurs dans notre pays et des craintes liées au nouveau variant décrit aux États-Unis. « Même s’il y a eu une baisse drastique du nombre de cas à partir de 2023, ça circule encore beaucoup dans la faune sauvage », explique le directeur général de la santé Grégory Emery, lors d’un point presse organisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Santé publique France et le gouvernement.
Selon une étude menée par les services de l’État, les campagnes de vaccination organisées dans les élevages ont eu pour effet de réduire le nombre de foyers d’IAHP à quelques dizaines par an au cours des deux derniers hivers (10 au cours de l’hiver 2023-2024 et 19 à ce jour au cours de l’hiver 2024-2025), contre environ 400 par an avant la vaccination (396 en 2022-2023, 1 378 en 2021-2022 et 492 en 2020-2021). Au total, plusieurs dizaines de millions d’abattages de volailles ont ainsi été épargnées, ainsi que plusieurs cas humains. En outre, la vaccination du personnel des élevages et des abattoirs contre la grippe saisonnière « permet d’éviter tout risque de recombinaison entre l’IAHP et les virus de la grippe saisonnière », précise le Dr Grégory Emery. Cette politique vaccinale a été présentée à la commission européenne qui l’a adoptée à son tour.
Amérique du Nord et Asie, les deux épicentres de la panzootie
Avec la biosécurité des élevages (désinfection des bottes, lavage des mains, vêtements spécifiques, etc.) et la surveillance de l’état de santé des animaux sauvages et d’élevage, la vaccination est le troisième pilier de la stratégie du ministère de l’Agriculture pour éviter les contaminations. Le vaccin contre la grippe aviaire est obligatoire pour les élevages de canards depuis l’hiver 2023-2022. « On a observé que les zoonoses commençaient souvent par des élevages de canards, ces virus sont très adaptés à cette espèce », explique Gilles Salvat, directeur général délégué de l’Anses pour la recherche et la référence.
Au cours des 20 dernières années, environ 900 cas d’infections humaines par un IAHP ont été recensés dans le monde. À partir de 2021, est survenue une panzootie au virus H5N1 du clade 2.3.4.4b de lignée Gs/Gd, associée à une mortalité massive chez les mammifères. Depuis octobre 2023, la circulation virale la plus soutenue est en Amérique du Nord et en Asie. Des cas d’IAHP ont même été décrits pour la première fois en Antarctique, avec notamment les premières contaminations observées chez des éléphants de mer, soulignant encore d’avantage l’apparition de variants adaptés aux mammifères.
Aux États-Unis, les autorités sont confrontées à une situation inédite avec la transmission d’un nouveau variant du virus H5N1 (génotype B3.13) à des vaches laitières. « Ce qui n’était jusqu’à présent pas connu, c’est que le virus soit capable de se reproduire de façon très intense, de l’ordre de plusieurs milliers de milliards, au sein des pis de vache, explique Gilles Salvat. Il a été mis en évidence l’existence dans cet organe de récepteurs cellulaires adaptés à l’influenza aviaire. »
Au 3 février 2025, 958 cas ont été confirmés dans des élevages laitiers, dont 735 en Californie. En outre, 67 cas humains ont été déclarés par les centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (CDC) au 14 janvier, dont 38 pour la seule Californie. « La contamination se fait principalement lors de la traite, par dispersion de gouttelettes, ajoute Gilles Salvat. La consommation de lait est sans danger dès lors que le lait a été pasteurisé. » D’un point de vue clinique, les patients présentent une grande diversité de symptômes, bénins dans leur majorité, avec des conjonctivites et des syndromes grippaux, avec des formes graves possibles. Aucune transmission interhumaine n’a été documentée à ce jour.
La France se prépare à l’arrivée du nouveau variant
L’Anses a mis au point une méthode de détection du virus dans le lait, en prévision de l’émergence du génotype B3.13 en Europe. La surveillance des grippes zoonotiques est renforcée selon trois axes : signalement de tout cas probable de grippe zoonotique aux autorités de santé ; renforcement du sous-typage à l’hôpital ; et le protocole Saga pour les personnes exposées à un foyer d’IAHP, qui est déployé dans le cadre d’une étude pilote dans quatre régions hexagonales depuis l’hiver 2023-2024.
Autre nouveauté : la prise en charge par l’Assurance-maladie des tests PCR réalisés pour la détection précoce chez les personnes en contact avec la faune aviaire. « Il est important que les médecins fassent faire des RT PCR, c’est essentiel pour la surveillance », martèle Gilles Salvat.
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