Entre le 19 et le 23 mars, quatre premiers patients gravement malades du Covid-19, présentant une pneumonie avec syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et nécessitant une ventilation mécanique en unité de soins intensifs (USI), ont été traités par un anti-VIH, le léronlimab, dans un hôpital new-yorkais (Montefiore Medical Center) avec l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA).
Le 27 mars, la compagnie biotechnologique CytoDyn qui développe le léronlimab aux États-Unis, annonçait des résultats très encourageants. Tous les patients présentaient un bénéfice immunologique en trois jours, avec une baisse nette de l’IL-6 et du TNF-alpha, et deux patients ont pu être extubés et sortir de l’USI. Un troisième patient était aussi amélioré cliniquement. Quatre autres patients atteints d’une forme grave de Covid ont ensuite reçu le traitement, avec de bons résultats annoncés le 2 avril.
Au vu de ces résultats positifs, la FDA a immédiatement suggéré de conduire deux essais randomisés de phase 2. « Ces résultats, bien qu’anecdotiques, apparaissent très prometteurs, souligne le Pr Nader Pourhassan, président de CytoDyn. Nous commençons maintenant à recruter les patients pour deux essais cliniques ». Dans les deux essais, une dose de 700 mg de léronlimab (PRO 140) (175 mg/ml) sera administrée une fois par semaine (deux injections sous-cutanées de 2 ml sur des sites opposés de l’abdomen) pendant deux semaines..
Une réponse immune rapide
Le léronlimab, un antagoniste du CCR5, est déjà en « évaluation accélérée » (désignation de la FDA) pour l’infection VIH et le cancer du sein triple-négatif métastatique. L’anticorps inhibe l’entrée du VIH dans les lymphocytes T en masquant le récepteur d’entrée CCR5. Neuf essais cliniques menés chez 800 patients ont montré que c’est un puissant anti-VIH avec peu d’effets secondaires. Par ailleurs, le CCR5 joue un rôle central dans la modulation du trafic des cellules immunitaires vers les sites d’inflammation. Ce n’est pas le premier anti-VIH testé dans l’infection Covid-19, un autre, le Kaletra est en cours d’évaluation
On sait maintenant que la maladie Covid-19 peut évoluer selon deux phases, comme l’expliquait la Pr Annie Luetkemeyer de l’Université de Californie à San Francisco au cours d’une présentation le 19 mars. Durant la première semaine (stade précoce), lorsque la charge virale est la plus élevée et que les symptômes sont légers à modérés, les traitements antiviraux sont probablement les plus appropriés pour réduire rapidement la charge virale et tenter de prévenir le SRAS et le décès ; à partir de la deuxième semaine (stade plus tardif), lorsque l’on observe souvent une forte réponse immune avec élévation des cytokines inflammatoires ainsi que l’apparition d’une atteinte pulmonaire (et cardiaque) et d’un SRAS, des traitements anti-inflammatoires et modulateurs des cytokines deviennent importants.
Or, comme le souligne le Dr Bruce Patterson, directeur et fondateur de la société de diagnostic IncellDx qui collabore avec CytoDyn : « Nous observons des élévations des pourcentages profondément bas de lymphocytes T CD8 dès le troisième jour, ainsi qu’une normalisation des rapports CD4/CD8 des lymphocytes T et une baisse de la production des cytokines, y compris une baisse d’IL6 en corrélation avec l’amélioration du patient. Les données actuelles suggèrent une tendance vers la restauration de la fonction immunitaire et l’atténuation de l’orage des cytokines. Ceci concorde avec nos précédents résultats chez les quatre premiers patients Covid-19 traités par léronlimab ».
Lancement de deux essais
Le premier essai de phase 2b/3 pour les formes graves de Covid-19, avec randomisation en double insu contre placebo, vise à évaluer l’efficacité et l’innocuité du léronlimab (ratio de 2/1) pendant deux semaines, avec pour critère principal la mortalité à 14 jours. L’essai prévoit d’inclure 342 patients dans 30 centres multinationaux. « Nous aurons des résultats en quelques semaines », précise au « Quotidien » le Dr Scott Kelly, président du conseil d’administration de Cytodyn. L’autre essai de phase 2, randomisé en double insu contre placebo dans dix centres aux États-Unis, a pour objectif de tester la molécule « dans les formes légères à modérées chez 75 patients qui seront suivis pendant six semaines », ajoute-t-il.
« Alors que la mortalité chez les patients Covid-19 nécessitant une ventilation mécanique est élevée, le monde a désespérément besoin d’une thérapie permettant d’aider cette population de patients », souligne le Pr Nader Pourhassan.
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