La suppression officielle du Pass contraception en Ile-de-France par la présidente du conseil régional Valérie Pécresse début avril avait consterné les acteurs de la santé sexuelle.
Correction de tir ?
Valérie Pécresse a présenté ce 14 juin ses orientations pour une politique régionale de prévention santé en faveur des jeunes. L'Ile-de-France cumule les indicateurs négatifs, en termes de tabagisme (27 % des jeunes de 17 ans fument tous les jours – et 34 % à Paris, selon les chiffres donnés par la région), d'obésité (qui touche 17 % des garçons de 15-25 ans en 2010), de santé mentale (11 % des garçons et 19 % des filles se sont déclarés en situation de détresse psychologique ces 4 dernières semaines) et de sexualité (56 % des jeunes Franciliennes ont eu recours à la contraception d'urgence, vs 39 % dans les autres régions).
La vice-présidente chargée de l'action sociale, de la santé et de la famille Farida Adlani a insisté sur les comportements à risques, la recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST), les maternités précoces (650 nouveau-nés de mères mineures en 2013) et le recours à l'IVG (qui concerne 19 % des jeunes Franciliennes, contre 9 % ailleurs).
« Un plan régional de prévention à destination des jeunes sera élaboré d'ici à la fin de l'année 2016 », a affirmé Valérie Pécresse. Le centre régional d'information et de prévention du sida (CRIPS), dont les missions seront étendues à toute la prévention, en sera la cheville ouvrière.
Géolocalisation et remontée d'informations
L'iPass contraception est l'une des mesures phares de ce plan. Et se veut une réponse à l'« échec » du Pass contraception en Ile-de-France, qui a justifié son arrêt, selon Valérie Pécresse. Et de dénoncer un dispositif « trop étroit », ne concernant que les classes de seconde, « obsolète et archaïque, ne garantissant pas l'anonymat ». Et d'autant moins utile qu'à partir du 1er juillet 2016, la contraception sera gratuite pour les mineures de plus de 15 ans, argumente la présidente.
Concrètement, l'iPass est un portail numérique dédié aux adolescents et jeunes adultes qui devrait allier information sur la santé sexuelle, dialogue et renseignements pratiques, avec localisation, horaires d'ouverture et de fermeture et coordonnées des centres de planification et d'éducation familiale (CPEF), consultations, pharmacies, généralistes, gynécologues. Un instrument de géolocalisation des distributeurs de préservatifs devrait aussi être développé par une start-up. Une première version devrait être disponible dès septembre 2016, avant que ne soit lancée une application smartphone.
Valérie Pécresse a exprimé son intérêt pour la constitution d'un réseau social et partant, la remontée d'informations de la part des usagers(e)s, notamment lorsqu'ils sont confrontés aux réticences – ou à l'ignorance – des professionnels de santé. « Eu égard aux IST, aux grossesses précoces, etc, il n'est pas normal que des professionnels de santé ne s'inscrivent pas dans le dispositif. Les femmes sont légitimes à signaler des entorses à l'application de la loi », a soutenu Valérie Pécresse.
L'Ordre régional des médecins a été consulté, a indiqué Farida Adlani, tout comme l'agence régionale de santé (ARS). L'Ordre des pharmaciens, l'URPS, des associations devraient aussi être sollicités.
Ce dispositif sera financé sur l'enveloppe consacrée aux campagnes de contraception, soit 300 000 euros en 2016 (dont 80 000 euros réservés aux CPEF), a précisé Valérie Pécresse.
Objectif : Région sans sida et avec un vaccin
Autre axe de la politique santé de la Région, Valérie Pécresse souhaite hisser l'Ile-de-France à la hauteur des objectifs 90-90-90 fixés par l'ONUSIDA alors que près d'un tiers des personnes vivant avec le VIH en France est francilien.
« Nous avons de bonnes chances de trouver le vaccin contre le sida » en Ile-de-France, a-t-elle déclaré, assurant que l'infectiologie serait prioritaire dans les financements régionaux de la recherche.
La Région organisera une conférence régionale des acteurs de la lutte contre le VIH/sida et se dotera à l'automne d'un agenda « pour une région sans sida » précisant les mesures concrètes. Jean Spiri, président du CRIPS, et Jean-Luc Romero, conseiller régional, assisteront en tant qu'ambassadeurs à la 21e Conférence internationale sur le VIH/sida qui aura lieu à Durban (Afrique du Sud) en juillet 2016.
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