Des chercheurs français et britanniques viennent de publier dans « The Lancet » des résultats encourageants sur le vaccin de Janssen, le Ad26.ZEBOV contre la maladie à virus Ebola. Ce dernier, commercialisé depuis mai 2020 sous le nom de Zabdeno, n'a qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle, c'est-à-dire en cas de circonstances exceptionnelles. Tout comme avant lui, depuis novembre 2019, le premier de ce genre, le rVSV-ZEBOV-GP (Ervebo), conçu dans les laboratoires de la recherche publique canadienne, puis développé par MSD.
Alors que le vaccin de MSD ne nécessite qu'une injection unique, l'Ad26.ZEBOV doit être administré en deux injections selon une stratégie prime-boost. Après la première d'Ad26.ZEBOV, une seconde doit être réalisée à distance, cette fois-ci avec une version non réplicative modifiée du virus de la vaccine Ankara (MVA-BN-Filo), commercialisé sous le nom de Mvabea, et codant pour une glycoprotéine des virus Ebola Zaïre, Ebola Soudan et Marbourg, ainsi qu'une protéine nucléaire de l'Ebolavirus de la forêt Taï.
Trois intervalles testés
Ici, les chercheurs français (AP-HP, INSERM, Hospices civils de Lyon) et anglais (université d'Oxford) ont évalué l'efficacité du vaccin en proposant trois intervalles de temps différents entre les deux injections : 28, 56 et 84 jours.
Cet essai a été mené auprès de 423 volontaires recrutés dans sept hôpitaux français et deux centres de recherche britanniques. Pour chaque intervalle considéré, des patients ont reçu soit le vaccin, soit un placebo. Le but principal était l'évaluation de la réponse humorale et de la sécurité des trois intervalles vaccinaux.
Les effets secondaires modérés et localisés étaient fréquents, ainsi que certains effets systémiques (fatigue, maux de tête et myalgies) après l'injection d'Ad26.ZEBOV, de MVA-BN-Filo et de placebo. Deux événements neurologiques sévères (syndrome de Miller Fisher, paresthésies des membres supérieurs) ont conduit à arrêter temporairement l'essai sans que le lien de causalité n’ait pu être établi avec la vaccination.
Un bon niveau d'anticorps
Trois semaines après avoir reçu l'injection de MVA-BN-Filo, les concentrations en anticorps anti-Ebola étaient de 4 627 unités ELISA par mL dans le groupe 28 jours d'intervalle, 10 131 dans le groupe 56 jours d'intervalle et 11 312 dans le groupe 84 jours d'intervalle. Ces concentrations étaient toujours comprises entre 1 149 et 1 205 au bout d'un an de suivi.
Que nous disent ces chiffres sur la protection procurée par le vaccin ? « Comme nous ne pouvions pas faire d'essai vaccinal lors d'une épidémie, nous devions établir des comparaisons avec des marqueurs de protection observés lors de travaux réalisés préalablement chez le singe », détaille au « Quotidien » le Pr Rodolphe Thiébaut, de l'université de Bordeaux, co-directeur de l'étude.
Verdict : « les niveaux d'anticorps de liaison chez les volontaires sont supérieurs à ceux nécessaires à immuniser les singes et la protection est bonne après un mois d'intervalle seulement entre les deux injections », poursuit le Pr Thiébaut, qui reste néanmoins prudent. « Cela donne un bon argument, mais pas une réponse définitive, poursuit-il. Il nous faut davantage d'informations sur les autres composantes de la réponse immunitaire provoquée par le vaccin, et notamment la réponse cellulaire ».
Le match se poursuit
Il est encore trop tôt pour savoir qui du rVSV-ZEBOV-GP ou de la combinaison Ad26.ZEBOV/MVA-BN-Filo procure la meilleure protection et/ou la plus durable. L'essai PREVAC, mené conjointement par la London School of Hygiene, l'INSERM et les Instituts nationaux de la santé (NIH) américains, doit comparer les données d'efficacité des deux candidats vaccins dans des populations comparables et recrutées dans les mêmes centres.
« J'ai travaillé sur la cinétique de la réponse anticorps suite à une vaccination par Ad26.ZEBOV/MVA-BN-Filo, la réponse perdure au minimum cinq ans », indique le Pr Thiébaut. Mais ces résultats ont été publiés le jour même de l'annonce par l'OMS de la fin officielle de l'épidémie d'infection par le virus Ebola en République Démocratique du Congo, le 25 juin 2020.
A J Pollard et al. The Lancet Infectious Diseases, 2020.doi.org/10.1016/S1473-3099(20)30476-X
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