Deux ans après leur guérison, les survivants d'une infection par le virus Ebola continuent d'en subir les conséquences. Ces constatations proviennent de l'étude américaine PREVAIL, publiée dans le « New England Journal of Medicine » et menée sur une cohorte de 966 survivants. Elles confirment les données de la cohorte PostEboGui de l'INSERM, qui montraient la persistance de symptômes chez près de 3 patients sur 4 un an après la guérison. Toutefois, cette étude était observationnelle. L'intérêt de PREVAIL est que « les chercheurs du NIH ont recruté un groupe contrôle, ce qui permet de s'assurer que les plaintes sont bien liées à la maladie Ebola. C'est important car les manifestations cliniques sont peu spécifiques », explique le Pr Éric Delaporte, du département des Maladies Infectieuses et Tropicales au CHU de Montpellier et investigateur principal de la cohorte PostEboGui.
Mêmes épreuves, même trauma
Les 2 350 contrôles de l'étude PREVAIL sont des cas contacts séronégatifs, c'est-à-dire des proches de patients infectés au cours de l'épidémie, pris en charge jusqu'à ce que les tests PCR se soient révélés négatifs. « Les survivants souffrent des conséquences du stress lié à la maladie et au passage en centre de traitement, explique le Pr Delaporte. Les cas contacts séronégatifs ont traversé les mêmes étapes, ce qui élimine un facteur confondant. »
Lors du premier interrogatoire (un an après leur guérison en médiane), 6 symptômes étaient significativement plus fréquents chez les survivants : les troubles de la fréquence urinaire (14,7 % chez les survivants contre 3,4 % chez les séronégatifs), les maux de tête (47,6 % contre 35,6 %), la fatigue (18,4 % contre 6,3 %), les douleurs musculaires (23,1 % contre 10,1 %), les pertes de mémoires (29,2 % contre 4,8 %) et les douleurs ostéoarticulaires (47,5 % contre 17,5 %). Lors de l'examen clinique proprement dit, les survivants présentaient plus fréquemment des anomalies thoraciques, abdominales, neurologiques et musculosquelettiques. Enfin un examen ophtalmologique a révélé une plus forte prévalence d'uvéite (26,4 % contre 12,1 %).
Les participants de l'étude ont été à nouveau interrogés et examinés 6 et 12 mois plus tard. Les différences entre les deux groupes sont moins importantes mais restent significatives. Seule la prévalence de l'uvéite reste élevée chez les survivants (33,3 % contre 15,4 %). « Ces résultats étaient attendus, commente le Pr Delaporte. Les yeux et les articulations sont des sites immunologiquement privilégiés où il n'est pas étonnant d'avoir une présence virale prolongée. »
Des infections asymptomatiques
Depuis la publication de leur première étude observationnelle, les investigateurs de la cohorte PostEboGui ont également recruté 1 390 cas contacts chez qui un diagnostic d'infection par le virus Ebola avait été écarté, afin de servir de groupe comparateur à leur groupe de 802 survivants. En recherchant anticorps, glycoprotéines recombinantes et protéines virales spécifiques du virus Ebola Zaire dans ce groupe contact, ils ont noté des traces d'infections. En février, l'équipe a publié que « l'infection peut être asymptomatique ou paucisymptomatique. Il s'agit vraiment d'une nouvelle notion », explique le Pr Delaporte (2). Ces patients sont peu susceptibles de transmettre l'infection par le sang ou les vomissures. Mais ils restent capables de contaminer un partenaire sexuel.
(1) M. Sneller et al, New England Journal of Medicine, 380, 924, 2019
(2) M. Saliou Kalifa Diallo et al, The Lancet Infectious Disease, 19, 308, 2019
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