L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est « très préoccupée » par l’explosion du nombre de cas de Covid en Chine, a indiqué le directeur de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point presse, appelant à accélérer la vaccination des plus vulnérables.
Face aux contestations grandissantes de la population et à l’impact des mesures sanitaires sur l'économie, les autorités chinoises ont mis fin début décembre à la politique du « zéro Covid », strictement appliquée depuis le début de la pandémie, alors que seuls 65,8 % des plus de 80 ans étaient alors pleinement vaccinés. La forte hausse des cas depuis la levée des restrictions fait craindre une forte mortalité chez les plus âgés.
Un changement de méthodologie qui complexifie le suivi
Aussi, les autorités ont modifié, le 20 décembre, la méthodologie pour le recensement des cas. Seules les personnes directement mortes d'une insuffisance respiratoire liée au Covid-19 sont désormais comptabilisées dans les statistiques, donnant une vision partielle des conséquences de la situation épidémique. Le 21 décembre, aucun nouveau décès n’a été enregistré, alors que certains hôpitaux et crématoriums sont débordés, rapporte l’AFP.
Cette « évolution de la situation » inquiète l’OMS. « Afin de procéder à une évaluation complète des risques », l’agence réclame des « informations plus détaillées sur la gravité de la maladie, les admissions hospitalières et les besoins en matière d'unités de soins intensifs », a insisté Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il a souligné que l’agence venait « en soutien à la Chine pour concentrer ses efforts sur la vaccination des personnes les plus à risque ».
« Nous disons depuis des semaines que ce virus hautement contagieux a toujours été très difficile à complètement arrêter avec seulement des mesures de santé publique et sociales », a ajouté le Dr Ryan, responsable de la gestion des situations d'urgence sanitaire. Concédant que « des progrès considérables au cours des dernières semaines dans la distribution des vaccins », il a estimé que « la vaccination est la stratégie de sortie face à une vague d'Omicron ».
En Chine, la politique sanitaire du « zéro Covid » n’a pas permis à la population d’être exposée au virus et de développer une immunité. En parallèle, la campagne vaccinale s’est principalement appuyée sur deux candidats locaux, distribués par les laboratoires chinois Sinovac et Sinopharm, mais le pays n’est pas parvenu à atteindre une couverture suffisante.
« Du point de vue de la santé publique, une option pour la Chine est de se lancer dans un programme de vaccination supplémentaire énergique utilisant des vaccins importés plus efficaces », estimait début décembre le Pr Mark Woolhouse, épidémiologiste à l’université d'Édimbourg, sur le site de l’agence britannique Science Media Center. Sans être impliquée, l’OMS évoque « des discussions sont en cours entre les autorités chinoises et au moins un des fabricants d'ARNm pour homologuer leurs vaccins et les produire en Chine », a indiqué le Dr Ryan.
Une situation qui favorise l’émergence de variants
En attendant, « l’épidémie flambe et le nombre de cas double tous les jours », selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève, interrogé le 20 décembre sur franceinfo. Selon lui, la situation « va favoriser l'émergence de variants », alors que la population ne dispose que d’une faible immunité, similaire à celle connue en Europe en 2020 ou 2021. « Il n'est donc pas certain que les nouveaux variants que la Chine va produire seront à nouveau des Omicron : ça pourrait être une nouvelle lettre de l'alphabet grec, on ne sait ni sa virulence, ni sa transmissibilité mais on sait que de nouveaux variants risquent très fortement d'émerger de Chine », poursuit-il. De plus, la forte hausse de consommation de paracétamol en Chine, acteur industriel clé dans la production, pourrait entraîner des tensions d'approvisionnement à moyen terme au niveau mondial, y compris en Europe.
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