Depuis le 14 mai 2022, une vingtaine d'infections autochtones à la variole du singe (Monkeypox, MKP) ont été confirmées dans plusieurs pays du Nord, au Royaume-Uni, au Portugal, en Italie, en Belgique, en Suède, en France, au Canada et aux États-Unis. Santé publique France évoque une situation inédite, susceptible d'évoluer très rapidement, alors que ce virus est habituellement absent de ces pays et que plusieurs de ces cas sont sans lien avec un voyage dans un pays à risque d'Afrique du Centre ou de l'Ouest. En France, un premier cas a été confirmé le 19 mai en Île-de-France. Plusieurs cas suspects sont en cours d’investigation dans plusieurs pays comme l'Espagne.
La variole du singe est due à un orthopoxvirus. « Le premier cas humain a été rapporté en 1970 », indique Alexandra Mailles, épidémiologiste à Santé publique France, qui précise que l'on retrouve des cas surtout dans le bassin congolais, au Nigeria et au Cameroun.
Une forte proportion d'HSH
Dans un « DGS-urgent » du 19 mai, la Direction générale de la santé (DGS) souligne que l'analyse du virus chez les cas confirmés suggère un lien avec le Nigeria, mais seul un cas au Royaume-Uni est directement importé de ce pays. « À ce stade, les cas rapportés sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé », écrit la DGS.
Parmi les cas confirmés, une forte proportion d'hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) a été constatée et une prépondérance de lésions dans la région génitale est rapportée parmi eux, précise la DGS.
En France, toutes les infections par les orthopoxvirus sont à déclaration obligatoire. Tout cas suspect doit être signalé sans délai à l’Agence régionale de santé. « Compte tenu des alertes en cours, la surveillance de ces infections est renforcée par Santé publique France et des recommandations ont été adressées aux professionnels de santé par le ministère », indique l'agence, qui a publié des définitions et la conduite à tenir.
Elle y précise notamment qu'un cas confirmé est une personne avec un résultat positif de qPCR ou RT-PCR spécifique du virus MKP, ou bien avec un résultat positif en qPCR générique du genre Orthopoxvirus associé à un risque d’exposition au virus dans les trois semaines précédant le début des signes. Un cas probable est une personne ayant présenté une fièvre, suivie d’une éruption vésiculeuse évocatrice et qui rapporte un contact à risque élevé ou modéré avec un cas confirmé ou probable en France ou un cas confirmé dans un autre pays dans les trois semaines précédant le début des symptômes. Un cas suspect est une personne ayant présenté une fièvre suivie d’une éruption vésiculeuse évocatrice ou bien une pneumonie ou encéphalite sans cause identifiée avec éruption vésiculeuse évocatrice en début de maladie.
Transmission via les fluides biologiques et les gouttelettes
Les personnes considérées comme des cas contacts à risque élevé sont celles ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique et celles ayant eu un contact non protégé à moins de 2 mètres pendant trois heures avec un cas probable ou confirmé symptomatique.
La conduite à tenir est déclinée pour les cas suspects, les cas probables, les cas confirmés et les personnes contacts à risque. Pour les cas confirmés, Santé publique France préconise notamment aux patients de s’isoler au sein de leur domicile, de ne partager ni linge de maison ni literie ni leur vaisselle et de porter un masque chirurgical. Un nettoyage du domicile est prévu en fin d'isolement. En effet, la transmission du MKP se fait par contact direct avec les fluides biologiques d'une personne infectée et dans une moindre mesure par les gouttelettes, ce qui justifie l'isolement et le port du masque en cas de contamination.
Une fiche réflexe pour la prise en charge médicale des cas et les mesures de protection à adopter a également été publiée par la mission nationale Coreb (Coordination opérationnelle risque épidémique et biologique).
Une période d'incubation de 5 à 21 jours
La variole du singe se caractérise notamment par de la fièvre et l'éruption de vésicules principalement au niveau du visage, des paumes des mains et de la plante des pieds. L’atteinte cutanée survient en une seule poussée. La période d'incubation peut durer de 5 à 21 jours. « Contrairement au Covid, les personnes infectées ne sont pas contagieuses avant le début des symptômes », précise Alexandra Mailles. Les personnes cessent d'être contagieuses lorsque les croûtes sont tombées. La maladie dure le plus souvent de deux à trois semaines. « La transmissibilité est bien moindre qu'avec le Covid et la létalité est de 1 à 10 % », ajoute l'épidémiologiste.
Le virus peut se transmettre de l'animal (rongeurs notamment) à l'homme par contact direct ou indirect, d'un humain à l'autre ou bien via des matériaux contaminés. « Il n’y a pas habituellement d’animaux réservoirs présents en Europe », souligne la DGS.
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