L'épidémie de variole du singe (Monkeypox) est toujours dans une phase ascendante en France, selon le dernier point de situation communiqué par Santé publique France (SPF). Au 21 juillet 2022, 1 567 cas confirmés ont été recensés, dont près de la moitié (726) résident en Île-de-France. Les autres régions les plus touchées sont l'Auvergne-Rhône-Alpes (123 cas), suivi de l'Occitanie, de la Nouvelle-Aquitaine et de la Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Selon les données de SPF, les malades français ont été diagnostiqués, en médiane, 6 jours après le début des symptômes. « Ce délai s'est considérablement raccourci, il était de 13 jours au début de l'épidémie, et à l'heure actuelle, il serait même plutôt de l'ordre de 5 jours », se félicite le Dr Bruno Coignard, directeur des maladies infectieuses à SPF. De fait, les données des dernières semaines ne sont pas consolidées.
Conformément à ce qui a été observé jusqu'ici ou dans les autres pays, l'écrasante majorité des patients sont des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) ayant des comportements à risque. En effet, 96 % des cas pour lesquels l'orientation sexuelle est renseignée sont des HSH, 74 % déclarent avoir eu au moins deux partenaires sexuels au cours des trois semaines écoulées et la majorité ne sont pas capables d'identifier la personne qui les aurait contaminés. À ce jour, seulement sept femmes figurent parmi les personnes infectées et deux enfants de sexe masculin. Parmi les cas analysés, 26 % sont séropositifs pour le VIH et 69 % des non-séropositifs sont sous prophylaxie pré-exposition (PrEP).
Dans le « New England », des symptômes plus variés que prévu
Ces données sont à rapprocher de celles publiées dans le « New England Journal of Medicine », portant sur la description d'une série de 528 cas répartis dans 16 pays et 5 continents. Les HSH et hommes bisexuels représentaient 98 % des malades, avec un nombre médian de cinq partenaires sexuels au cours des trois mois précédant, et 41 % étaient infectés par le VIH (95 % de ces derniers avaient une charge virale indétectable).
Concernant la localisation des lésions, elles étaient situées dans la région anogénitale dans 73 % des cas, sur le tronc, les bras et les jambes dans 55 % de cas, sur le visage dans 25 % des cas et sur la paume des mains et la plante des pieds dans 10 % des cas. Ces lésions (moins de 10 en général) avaient des présentations variées, parfois concomitantes : macules, pustules, vésicules ou croûtes.
Des douleurs intenses étaient souvent associées à ces lésions, en particulier chez les 61 patients porteurs de lésions anorectales. Les autres symptômes associés étaient des inflammations de la muqueuse rectale, un ténesme ou des diarrhées. Des symptômes oropharyngés ont également été reportés chez 26 personnes : pharyngites, troubles de la déglutition, infection de l'épiglotte, lésions au niveau des amygdales. Les symptômes systémiques les plus courants étaient la fièvre, la fatigue et les maux de tête. « La définition du spectre complet des complications causées par la variole du singe a besoin d'être réétudiée », notent les auteurs.
La chronologie de l'infection, et notamment la connaissance exacte de l'épisode d'exposition responsable, n'était connue que pour 30 patients. La durée moyenne entre l'exposition et l'apparition des symptômes était de 7 jours. Il s'écoulait en moyenne 5 jours entre l'apparition d'une première lésion et le développement de nouvelles lésions.
Un patient sur 10 hospitalisé
Dans cette série de cas, quelque 70 personnes (13 %) ont été hospitalisées, en général pour traiter des douleurs intenses ou des surinfections bactériennes. Des chiffres bien supérieurs à ceux de Santé publique France qui estiment que 5 % des malades français environ ont été hospitalisés.
Les auteurs du « New England » dénombrent aussi quelques rares cas de lésions oculaires, d'insuffisances rénales et de myocardites. À noter qu'aucun lien entre la sévérité de l'infection et le VIH n'a été constaté et que seulement 5 % des malades ont bénéficié d'un traitement spécifique : cidofovir ou tecovirimat.
Incertitudes sur une possible urgence de portée internationale
Par ailleurs, les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), réunis jeudi 21 juillet, doivent encore se prononcer sur une éventuelle déclaration de l'état d'urgence de santé publique de portée internationale. La situation s'est aggravée ces dernières semaines avec désormais plus de 15 300 cas recensés dans 71 pays, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires des États-Unis, les plus à jour.
Pour la France, une éventuelle déclaration de l’état d'urgence sanitaire de portée mondiale ne devrait pas enclencher davantage de moyens : « Nous avons déjà mis en place une surveillance très active, une surveillance de cas et une vaccination en cours », assure le Dr Coignard.
Dans le même temps, l'agence européenne des médicaments (EMA) a accordé une autorisation de mise sur le marché dans l'indication de la prévention de l'infection par le virus de la variole du singe au vaccin Imvanex, de la société danoise Bavarian Nordic. Ce dernier était déjà approuvé dans l'Union européenne depuis 2013 pour la prévention de la variole.
Il est déjà utilisé en France, où il est recommandé chez les personnes ayant été en contact avec une personne infectée par le virus de la variole du singe, mais aussi en prophylaxie pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les hommes trans multipartenaires, les personnes en situation de prostitution et les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.
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