Anosmie, agueusie, paresthésie, paralysie faciale, troubles confusionnels, et, dans les cas les plus graves, encéphalopathie aiguë nécrosante… Depuis le début de la pandémie, les cas de complications neurologiques chez les patients atteints de Covid-19 ont été signalés par de nombreux médecins.
Afin d'évaluer les effets possibles du virus sur le plan neurologique, des spécialistes du CHU de Toulouse lancent l'étude prospective Nervous System Cov.
À Toulouse, où l’épidémie est restée relativement modérée, les Prs François Chollet et Jérémie Pariente du CHU de Purpan ont eu le temps de se mettre en ordre de bataille. « Après des cas de complications neurologiques rapportés en Chine et en Italie, nous nous attendions à voir les mêmes situations chez nous. Nous avons donc créé une unité neuro-Covid de 25 lits pour accueillir à la fois les patients Covid + qui développeraient ces troubles, ainsi que nos patients chroniques infectés susceptibles de décompenser », décrit le Pr Pariente.
La palette des différentes complications liées au Covid-19 a bien été observée. « Nous avons noté des formes d’atteinte neurologique très hétérogènes sans pour autant avoir identifié d’antécédents ni de facteurs favorisants. Le patient le plus gravement atteint avec une encéphalopathie aiguë a fortement décompensé. Il est aujourd’hui en train de récupérer », décrit le spécialiste.
Trois phases de complications neurologiques
Selon l’expérience clinique observée au sein de l’unité neuro-Covid, environ 10 % des patients ont développé des signes neurologiques. « C’est plus que ce que l’on avait imaginé, mais avec des niveaux de gravité très variables, tempère le Pr Pariente. Si l’on considère les maux de tête comme une complication, cela concerne 40 % des sujets, mais une encéphalite aiguë avec coma touche moins d’1 % d’entre eux. »
En matière de complications neurologiques liées au Covid-19, l’équipe décrit trois phases distinctes. Des signes inauguraux sous forme d’agnosie et/ou de paresthésies, puis une forme ou une aggravation immunologique entre le 10e et le 15e jour et enfin pour certains patients, une vigilance à maintenir pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Un suivi neuropsychiatrique
Dans le cadre de l’étude NS Cov, les médecins ont mis au point un examen neurologique systématique au moment de la prise en charge. « Il s’agit d’un examen cognitif général et bref qui permet de détecter les troubles du système nerveux, décrit la Dr Marie Rafiq de l’unité neurologie cognition épilepsie du CHU de Purpan. Il est complété par une évaluation standardisée du stress aigu des patients, élaborée avec des psychiatres, car la détresse respiratoire liée au Covid est un facteur extrêmement anxiogène. »
À ce jour, 90 patients sont inclus dans cette étude NS Cov et chacun d’entre eux fera l’objet d’un suivi neuropsychiatrique trois mois après sa sortie de l’hôpital. « Nous avons opté pour cette surveillance, car si les complications neurologiques sont de l’ordre de quelques points de pourcentage, le stress est un facteur important de développement de dépression post-symptomatique ou d’augmentation de prise de substances nocives », indique le Pr Pariente.
Ce suivi à trois mois sera donc organisé au sein de l’institut des handicaps neurologiques, psychiatriques et sensoriels (HoPeS) du CHU qui réunit cliniciens, chercheurs et enseignants. À cette occasion, la motricité et les réflexes de cognition des patients seront réévalués ; et ils se verront proposer une imagerie cérébrale. Objectif ? En cas de complication psychiatrique, mesurer via l’imagerie s’il s’agit uniquement d’un stress aigu ou si une composante neuro-inflammatoire entre en jeu.
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