DE NOTRE CORRESPONDANTE
«ØNOUS AVONS MONTRÉ que les cerveaux de patients atteints d’atrophie multisystématisée (AMS) peuvent transmettre la maladie à la souris, ce qui définit l’AMS comme une maladie à prions », explique au Quotidien le Dr Kurt Giles qui a codirigé ce travail avec le Pr Stanley Prusiner et le Dr Joel Watts de l’université de San Francisco. Cette importante étude,publiée dans la revue des Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), procure un modèle animal pour évaluer de futurs traitements contre la formation des prions alpha-synucléine. Elle soulève aussi le risque de transmission interhumaine de ces prions lors de la réutilisation des instruments utilisés au cours d’interventions neurochirurgicales chez des patients atteints d’AMS ou de maladie de Parkinson (telles que la stimulation cérébrale profonde).
Il est devenu de plus en plus clair au cours des 5 dernières années que de nombreuses maladies neurodégénératives sont causées par des protéines spécifiques transformées en prions, c’est-à-dire en protéines ayant adopté des conformations pathogènes qui s’auto-propagent.
Plusieurs données suggèrent que les agrégats d’alpha-synucléine trouvés dans la maladie de Parkinson (dans les corps de Lewy intraneuronaux) ou dans l’atrophie multisystématisée (dans les oligodendrocytes; inclusions cytoplasmiques gliales) peuvent devenir des prions. Ainsi, par exemple dans la maladie de Parkinson, les agrégats d’alpha-synucléine sont observés d’abord dans le tronc cérébral puis se disséminent à des régions plus corticales du cerveau.
Pour examiner si l’alpha-synucléine se comporte comme un prion, Watts et coll. ont broyé du tissu cérébral (homogénat) de deux patients atteints d’atrophie multisystématisée (AMS) et l’ont injecté dans le cerveau de souris transgéniques hémizygotes (souris TgM83+/-) qui expriment de faibles taux d’une forme mutante de l’alpha-synucléine humaine mais ne développent pas spontanément de maladie neurologique.Par contraste, les souris homozygotes (TgM3+/+) développent spontanément des troubles neurologiques vers l’âge de 10 mois. Les chercheurs ont constaté que, environ 90 jours après l’inoculation de l’AMS, les souris hémizygotes (TgM83+/-) développent des troubles neurologiques et des agrégats d’alpha-synucléine dans le cerveau et toutes succombent a la synucléopathie en moyenne 210 jours après l’inoculation.Ceci apporte la preuve que les agrégats d’alpha-synucléine sont transmissibles et sont donc des prions.« C’est la première nouvelle maladie en 50 ans qui se montre causer une létalité lorsqu’elle est inoculée dans un modèle animal ; les précédentes étaient les maladies à prions prototypes que sont le kuru et la maladie de Creutzfeldt-Jakob», souligne le Dr Giles.
Des implications.
« Même si nous ne voulons pas alarmer inutilement, la réutilisation des instruments ayant servi à des interventions neurochirurgicales sur des patients atteints d’AMS pourrait peut-être entraîner une transmission de la maladie, comme c’est le cas pour la maladie de Creutzfeldt-Jakob », laisse entrevoir le Dr Giles. « L’ AMS appartient à la même famille que la maladie de Parkinson, et la même protéine alpha-synucléine devient un prion, aussi il est probable que les mécanismes de propagation soient les mêmes. Dans toutes les maladies à prions, il semble exister des "souches" différentes de prions (avec des conformations auto-réplicantes vraisemblablement différentes) ; il est donc probable que l’AMS et la maladie de Parkinson représentent des souches différentes de prions alpha-synucléine ».
Un modèle animal.
« Cette recherche procure non seulement un modèle animal pour mieux étudier la progression de la maladie, mais aussi un excellent outil pour évaluer des traitements potentiels (contre la formation de prions alpha-synucléine). Nous travaillons beaucoup à essayer de développer des traitements pour toutes les maladies à prions » conclut le Dr Giles.
PNAS, 11 novembre 2013, Watts et coll.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024