ADI-15946, le nom n'est pas facile à retenir, mais le potentiel est important ! Dans un article publié dans « Nature Structural & Molecular Biology », le Dr Brandyn West du département d'immunologie et de microbiology de l'institut de recherche Scripps à La Jolla (Californie), et ses collègues, décrivent la structure de cet anticorps capable de neutraliser une large variété de souches de virus Ebola.
Cet anticorps avait été isolé pour la première fois chez un survivant de l'épidémie d'infections par le virus Ebola qui a eu lieu en Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016. À l’époque, ses propriétés avaient interpellé les scientifiques : à la différence des anticorps monoclonaux à visée thérapeutique en cours de développement, tels que le ZMapp, ADI-15946 était capable de neutraliser d'autres souches d'Ebolavirus que la souche Ebola Zaïre : le virus Bundibugyo et l'Ebolavirus Soudan. Si l'essentiel des dernières épidémies d'Ebolavirus a été causé par la souche Zaïre, l'Ebolavirus Soudan a également causé 5 épidémies meurtrières entre 1974 et 2011, et son potentiel de réémergence reste inconnu. Il ne partage par ailleurs que la moitié des glycoprotéines de l'Ebolavirus Zaïre.
La boucle commune aux différentes souches
Si ADI-15946 est capable de se lier à plusieurs souches de virus, c'est qu'il cible une région commune à celles-ci : la boucle β17 β18. Peu accessible, elle est située à la base des glycoprotéines de surface GP1 du virus. Les auteurs précisent en outre que l'activité neutralisante de l'anticorps est plus importante quand le virus a déjà pénétré dans une cellule via une vésicule d'endocytose et que les glycoprotéines de surface sont clivées en plusieurs fragments : le site de liaison est alors plus facile à atteindre.
Cette dernière propriété représente d'ailleurs un avantage sur les autres anticorps dirigés contre les Ebolavirus, comme le Zmap, qui ne sont capables de se fixer que sur les virus intacts, dans l'espace extracellulaire. Des expérimentations in vitro ont de plus mis en évidence une synergie entre ADI-15946 et l'anticorps non neutralisant FVM09. Le mécanisme exact de cette synergie n'est pas bien compris, mais les auteurs font l'hypothèse que FVM09 se fixe et écarte une protéine protégeant la boucle β17 β18. « Une co administration de FVM09 et de ADI-15946 pourrait améliorer l'efficacité in vivo de ce dernier », jugent les chercheurs.
Le principal intérêt de ce travail est l'identification du site de liaison β17 β18, partagé par l'ensemble des Ebolavirus. « De futurs vaccins contre les Ebolavirus devront comprendre des immunogènes qui miment la boucle β17 β18 », concluent les auteurs.
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