Protection contre une dose léthale de virus

Un nouveau vaccin Ebola testé chez la souris

Publié le 09/12/2011
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LE VIRUS EBOLA est responsable d’une fièvre hémorragique grave, souvent mortelle chez l’homme et les primates non humains (taux de mortalité de 90 %). La transmission de virus peut survenir par contact direct avec le sang ou les sécrétions corporelles d’un individu infecté et, dans des conditions de laboratoire, on a aussi observé une transmission par aérosols.

Une grosse difficulté vient de l’absence de réaction du système immunitaire. Plus exactement, les individus qui meurent d’une fièvre hémorragique à Ebola ne développent pas de réaction immunologique adaptée, d’où réplication virale incontrôlée et défaillance multi-organe. En revanche, chez les sujets qui survivent à l’infection, on constate l’apparition d’IgG, une clairance virale et de l’activation de cellules T cytotoxiques. Ni ces IgG ni l’ARN de ces cellules T ne sont détectés chez les sujets décédés. Ce qui suggère qu’un candidat vaccin devrait induire une réponse humorale et cellulaire.

On sait par ailleurs que, chez la souris, des anticorps monoclonaux se sont montrés efficaces en traitement post-exposition. Deux de ces anticorps (13F6 et 6D8) reconnaissent différents épitopes de la portion C-terminale de la glycoprotéine d’Ebola (GP1).

Trente ans après la première épidémie connue à virus Ebola, on n’a toujours pas de vaccin. Certes, on a des candidats qui se sont révélés utiles dans des essais cliniques mais ils ne peuvent pas être stockés et nécessitent de respecter la chaîne du froid. C’est dans ce contexte qu’une équipe d’Arizona a évalué une sous-unité d’un vaccin contenant la GP1 dans le modèle murin de l’Institut de recherche de l’Armée américaine.

Sans entrer dans les détails, les chercheurs ont évalué l’immunogénicité et l’efficacité d’un candidat vaccin Ebola dans lequel la glycoprotéine de surface virale (GP1) est fusionnée à un anticorps monoclonal, ce qui aboutit à la production d’immuns complexes d’Ebola (EICs).

Les souris ont été vaccinées à l’aide d’EICs et de l’adjuvant PIC. Les souris vaccinées ont ensuite reçu une dose létale de virus Ebola. Résultat : 80 % des souris vaccinées ont survécu. Les survivantes présentaient une réponse mixte Th1/Th2 à l’antigène. Ces résultats sont identiques à ceux obtenus avec d’autres candidats vaccins. Le vaccin EICs décrit ici, de faible coût et pouvant être stocké à long terme, « constitue une option en matière de politique de défense », estiment les auteurs.

Waranyoo Phoolcharoen et coll. Proc Natl Acad Sci USA, édition en ligne avancée.

 Dr E. DE V.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9056