Le vaccin conjugué Vi-TT protège efficacement et durablement les très jeunes enfants contre la fièvre typhoïde, selon un article publié dans le Lancet. Ce vaccin dirigé contre les Salmonella enterica de sérotype Typhi, responsables de la pathologie, pourrait donc être utilisé pour mener des campagnes de vaccination préventives dans un contexte d'extension de la pathologie.
On estime le taux de mortalité de la fièvre typhoïde à 1 % en Asie, et à plus de 5 % en Afrique, avec un pourcentage de cas sévère de l’ordre de 26 %. Au cours des dernières années, les médecins ont vu émerger des résistances aux traitements de première ligne (ampicilline, chloramphénicol et cotrimoxazole), ainsi qu'une diminution de l'efficacité des fluoroquinolones. Ces changements « ont contribué à élargir l'aire de distribution de la fièvre typhoïde, constatent les auteurs. La montée continue des souches résistantes aux traitements en Asie devient un problème de santé publique, qui souligne l'importance de la vaccination dans les régions où la maladie est endémique. »
Des limites aux vaccins actuels
Avant 2017, seuls deux vaccins étaient disponibles : la vaccin Vi polysaccharide (Vi-PS) et le vaccin vivant atténué oral Ty21a. Aucun de ces deux vaccins n’est indiqué pour être utilisé chez l'enfant de moins de deux ans, et tous les deux nécessitent un schéma vaccinal à plusieurs doses avec des rappels réguliers, puisque l'efficacité du Vi-PS n'est que de 69 % au bout d'un an, et de 55 % au bout de trois ans (selon une revue Cochrane de la littérature publiée en 2018). Cette diminution de l'efficacité est la raison pour laquelle, les vaccins actuellement disponibles, ne sont utilisés que par les voyageurs ou ponctuellement pour le contrôle des épidémies.
En 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l'utilisation de vaccins conjugués pour mener des campagnes de vaccination préventives chez les enfants de moins de 15 ans. Problème : aucun vaccin conjugué contre la fièvre typhoïde n'était encore correctement évalué. Le vaccin conjugué Vi-rEPA, avait bien passé les étapes précliniques en 1998 mais son développement n'était pas allé plus loin.
C’est là qu’intervient le vaccin Vi-TT, produit par le laboratoire indien Bharat Biotech, qui conjugue le polysaccharide Vi avec une toxine tétanique. Il a été préqualifié en 2017 par l'OMS pour être utilisé dans le cadre de campagnes de vaccination préventive. Trois grosses études ont déjà été menées au Népal, au Malawi et Bangladesh, pour un total de 100 000 enfants traités. Le vaccin y avait démontré son efficacité et sa bonne tolérance, mais le suivi n’était au plus que de 36 mois. L'étude randomisée publiée dans le Lancet est donc la première à démontrer une efficacité à long terme contre la fièvre typhoïde chez des patients âgés de neuf mois.
Une efficacité qui se maintient à quatre ans
Dans cette nouvelle étude, ce sont 28 000 enfants du Malawi âgés de neuf mois à 12 ans qui ont été inclus, puis suivis pendant une durée médiane de 4,3 ans ; une moitié a été effectivement vaccinée et l'autre recevait un vaccin contre le méningocoque de groupe A.
Au bout du suivi, il y avait 39,7 cas de fièvre typhoïde pour 100 000 personnes-années dans le groupe Vi-TT et 110 pour 100 000 dans le groupe contrôle. En intention de traiter, cela correspond à une efficacité de 78,3 % : il fallait vacciner 163 enfants pour prévenir un cas. L'efficacité était de 70,6 % pour les enfants vaccinés entre neuf mois et un an, de 79,6 % entre l’âge de deux et quatre ans et de 79,3 % entre cinq et 12 ans.
« Nous estimons que l'efficacité d'une dose unique du vaccin diminue de seulement 1,3 % par an sur une période de quatre ans », calculent les auteurs, ce qui est conforme aux exigences fixées par l'OMS. Le candidat vaccin pourrait donc être utilisé pour vacciner les enfants de moins de deux ans afin de les protéger jusqu'à l'âge d'au moins six ans. Des donnés à plus long terme encore seront nécessaires pour connaître la durée moyenne de protection et préciser les recommandations d'utilisation.
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