En proposant des isoloirs en tissu virucide, une entreprise de l'Aisne est venue opportunément le rappeler ces derniers jours : c'est un scrutin pas tout à fait comme les autres qui se déroulera dimanche. Après plus d’un an d'état d'urgence sanitaire, les Français sont en train de se réapproprier doucement leurs droits, alors que depuis mars 2020, la plupart des grandes libertés ont été suspendues pour la bonne cause : limitation drastique des déplacements, rassemblements interdits, couvre-feux imposés, exécutif aux pouvoirs exacerbés, élections reportées… Dans notre pays, un tel régime d’exception motivé par des raisons de santé publique est sans précédent. Et, compte tenu de ce contexte inédit, on peut évidemment se demander sur quoi ce vote pourrait bien déboucher.
S’il semble acquis que la majorité - mal implantée et victime d’une certaine usure du pouvoir — aura du mal à tirer son épingle du jeu lors de ces élections intermédiaires, la pandémie pourrait rebattre les cartes de façon inattendue, jusqu'à déjouer les pronostics. À commencer par une principale inconnue : le taux de participation. Il est à craindre que l’abstention soit de nouveau massive. Avec quelles conséquences ? Des surprises possibles et une prime probable aux extrêmes, toujours plus motivés à s’exprimer en périodes troublées. D’autant que le complotisme a fait ses choux gras de la crise sanitaire et devrait agir comme un dopant pour les partis protestataires. En sens inverse, les incertitudes du lendemain, la maladie, la peur peuvent infantiliser une partie du corps électoral. On ne peut exclure un réflexe légitimiste, notamment dans sa frange la plus âgée. Cela pourrait peut-être permettre aux macronistes de limiter les dégâts, mais devrait profiter surtout aux barons régionaux ou locaux à l’instar de l’ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand, qui semble bien placé pour garder les rênes des Hauts-de-France. À moins que le vote vert ne soit au final (comme aux municipales) l'un des bénéficiaires inattendus du scrutin : possible, tant les événements que nous vivons depuis 15 mois ont agi comme une remise en cause de notre modèle de développement ; mais la poussée écologiste devrait rester limitée, hormis en milieu urbain.
Reste la question, toujours débattue, de l’influence du corps médical sur le vote de leurs concitoyens. Jamais les blouses blanches n’ont été autant en première ligne que ces derniers mois et jamais les Français n’ont autant compté sur elles. Entre soignants et patients, quel état d’esprit s’est-il diffusé pendant la crise ? Du secret du colloque singulier à celui de l'isoloir peut-on imaginer quelque capillarité ? La mauvaise humeur des praticiens, perceptible en ville comme à l’hôpital, pourrait-elle déteindre sur ceux qui pendant des semaines les ont chaque soir applaudis ? Réponse dimanche… À 20 heures précisément !
Exergue : La mauvaise humeur des médecins peut-elle déteindre dans les
urnes sur ceux qui les ont si longtemps applaudis ?
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