La vaccination, réalisée 6 à 12 mois après une infection par le SARS-CoV-2, provoque un important sursaut de production d'anticorps, comme le confirment les dernières données de l'étude Covid-Ser menée par le service de médecine et de santé au travail des Hospices civils de Lyon. Ces résultats, non publiés, confirment qu'une injection unique améliore la protection contre les formes graves.
Cette étude a été menée sur près de 300 professionnels des Hospices civils (médecins, paramédicaux, étudiants…) ayant été infectés au cours de la première vague de l’épidémie, au printemps 2020.
Parmi eux, 134 ont été vaccinés entre 6 et 12 mois après leur infection. Le taux d'anticorps a été mesuré une première fois 6 mois après l'infection, et une seconde fois 12 mois après. À 6 mois, tous les volontaires avaient une immunité résiduelle caractérisée par un taux d'anticorps inférieur à 5 unités internationales par millilitre. Au bout d'un an, ce taux était inchangé chez les volontaires non vaccinés, mais avait été multiplié par 10 chez les volontaires vaccinés.
Protégés, mais jusqu'à quel point ?
Pour autant « il serait très réducteur d'affirmer que les personnes vaccinées sont totalement protégées contre le virus, précise auprès du « Quotidien » la Dr Sophie Trouillet-Assant, membre du groupe d'étude Covid-Ser. Les anticorps que nous mesurons sont dirigés contre les souches de virus qui circulaient au milieu de l'année 2020. Il y a des incertitudes quant à leur niveau de protection contre les variants qui circulent actuellement ou qui circuleront dans le futur, mais ce qui est certain, c'est que la vaccination renforce l'immunité acquise et réduit la probabilité de faire une forme grave de Covid-19 ». Pour la Dr Trouillet- Assant, le message essentiel à retenir est que le simple fait d'avoir été infecté ne suffit pas à protéger contre des infections ultérieures.
Autre donnée importante : ce boost d'anticorps est le même quel que soit l'intervalle de temps qui sépare l'infection de la vaccination. « En moyenne, il s'est écoulé 8 à 10 mois entre la maladie et la vaccination, mais les niveaux d'anticorps post-vaccinaux étaient similaires, qu'il se soit écoulé 7 ou 11 mois », précise la Dr Trouillet-Assant.
Une cohorte polyvalente
Une dizaine de publications a déjà vu le jour à partir des travaux menés à partir des données de Covid-Ser. « À l’origine, nous avons inclus lors de la première vague tous les sujets symptomatiques qui venaient se faire dépister à l'hôpital, se souvient la médecin lyonnaise. On cherchait à comprendre combien de temps les patients restent contagieux, combien de temps s'écoule avant qu'il n'y ait des anticorps, la différence de réaction immunitaire entre patients symptomatiques et asymptomatiques… »
Quand les différents kits commerciaux destinés à mesurer les anticorps ont été disponibles, la cohorte a aussi permis d'évaluer leurs performances. Avec l'arrivée de la vaccination, de nouvelles études se sont ajoutées.
Dans un article du 22 juillet, paru dans « Scientific Reports », l'équipe lyonnaise a par ailleurs démontré la forte prévalence du SARS-CoV-2 parmi les personnels de santé symptomatiques. Elle explique que la mesure de la charge virale peut être utilisée pour évaluer si leur contagiosité est compatible avec un retour sur le lieu de travail, les tests PCR n'étant pas assez discriminants sur cet aspect-là. Les auteurs lyonnais estiment qu'au-delà de 10 jours écoulés après le début des symptômes, les patients présentent un risque minime de transmettre le SARS-CoV-2.
En juin dernier, ils avaient constaté dans leur cohorte une bonne conservation de l'activité neutralisante des anticorps prélevés chez des sujets vaccinés, une fois confrontés aux variants Alpha (anglais) et Bêta (sud-africain). Ils avaient aussi observé que les anticorps neutralisants n'étaient détectables que chez la moitié des membres de la cohorte, 6 mois après leur infection, mais que les résultats de la sérologie étaient très variables selon le type de méthode de détection employé. Ils en concluaient que l'utilisation de tests uniquement dirigés contre l'extrémité N-terminale de la protéine Spike était une mauvaise méthode pour mener des études de séroprévalence sur le long terme.
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