Suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), la Direction générale de la santé (DGS) vient d'annoncer l'élargissement de la vaccination aux groupes les plus exposés : hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et hommes trans multipartenaires, personnes en situation de prostitution et professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle. Si la vaccination n'est pas recommandée pour les professionnels de santé, elle peut être envisagée au cas par cas.
Cette nouvelle stratégie remplace celle mise en place depuis le 20 mai, qui consistait en une vaccination réactive post-exposition des personnes ayant été en contact avec une personne infectée. Le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, justifie cette décision : « plusieurs éléments ont été pris en compte par la HAS. Tout d'abord, le nombre de cas a augmenté, ensuite, le profil type des patients s'est confirmé, et enfin, les opérations de contact tracking se heurtent à des difficultés puisque nous avons 40 à 45 % de perdus de vue », indique-t-il. La DGS a donc estimé que la vaccination prophylactique d'une population bien identifiée était plus pertinente qu'en post-exposition.
Plus de 700 cas en France
D'après les dernières données du 7 juillet, Santé publique France (SPF) dénombre 721 cas confirmés d'infection par le virus de la variole du singe, dont 387 en Île-de-France, avec une grande majorité d'hommes (seulement quatre femmes et deux enfants ont été infectés). « Il y a une majorité de trentenaires, détaille Laetitia Huiart, directrice scientifique à Santé publique France. Ces données sont cohérentes avec ce qui est observé dans les autres pays touchés par l'épidémie. » Les cas restent, à ce stade, peu graves, malgré la présence de lésions cutanées très douloureuses, la maladie évoluant favorablement en quelques semaines.
Ces données confirment la surreprésentation des HSH déclarant avoir eu plusieurs partenaires dans les semaines précédant les symptômes (75 % des cas). SPF poursuit ses efforts de contact tracking pour « essayer de comprendre les circonstances des contaminations et produire les bons messages de prévention », complète Laetitia Huiart. À partir de mercredi prochain, une ligne téléphonique « Écoute santé monkeypox » sera mise en place (0801 90 80 69).
Trois semaines de contagiosité
« Le virus est transmissible par contact cutané, depuis le début des symptômes, jusqu'à la chute de la dernière croûte de la dernière lésion, soit environ 3 semaines », insiste la Pr Valérie Pourcher du service des maladies infectieuses et tropicales de la Pitié-Salepétrière (AP-HP). Il existe quelques cas d'infection par des gouttelettes (éternuements ou postillons…) mais SPF définit une personne à risque d'exposition lorsqu'il y a eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée, ou un contact non protégé à moins de 2 mètres et pendant 3 heures cumulées sur une période de 24 heures. Les partages d'objets, tels que des vêtements, des draps, des rasoirs des sextoys ou encore du matériel d'injection, peut aussi constituer une voie de contamination.
D'un point de vue épidémiologique, la variole du singe se répand comme une infection sexuellement transmissible (IST), mais les autorités sanitaires restent prudentes sur les messages à délivrer. « Si l'usage d'un préservatif est important pour beaucoup d'autres raisons, il faut insister sur le fait qu'il ne protège pas contre la variole du singe », poursuit la Pr Pourcher.
À ce stade, la HAS ne recommande pas la vaccination en pré-exposition des professionnels de santé prenant en charge les personnes malades, estimant que les mesures d'hygiène habituelles et le port d'équipement de protection individuelle rendent déjà le risque de contamination très faible en pratique.
Un schéma de vaccination modulable
Les deux vaccins utilisables sont des vaccins vivants atténués de 3e génération : Jynneos (Bavarian Nordic, AMM européenne) et Imvanex (Bavarian Nordic, AMM américaine). Le schéma de vaccination consiste en deux injections espacées de 28 jours. La HAS précise que les deux doses ne doivent pas obligatoirement être faites avec la même spécialité et que le délai entre les deux doses peut être allongé de plusieurs semaines.
Chaque ARS a désormais la charge d'organiser la campagne de vaccination sur son territoire. À ce jour, 700 personnes ont été vaccinées et la DGS assure que les stocks stratégiques mis à disposition par l'armée française suffiront à soutenir la nouvelle politique vaccinale. La France ne figure d'ailleurs pas sur la liste des pays qui bénéficieront des 300 000 doses achetées par l'Union européenne. « Il n'est pas exclu que nous participions à d'autres phases d'achat », précise le Pr Salomon.
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