VIH, tuberculose et paludisme : la crise du Covid-19 pourrait augmenter le nombre de décès liés à ces pathologies

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Publié le 16/07/2020
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Crédit photo : Phanie

Une modélisation britannique parue dans « The Lancet Global Health » montre l'importance de maintenir l'activité des services de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme pour limiter l'impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 dans les pays à faibles et moyens revenus où le fardeau de ces trois maladies est déjà élevé.

« Des millions de personnes dépendent de programmes à grande échelle pour contrôler et traiter ces maladies, soulignent les auteurs. L'interruption des programmes pourrait entraîner des contretemps majeurs, aggravant l'impact direct du Covid-19. »

La pandémie Covid-19 a, de fait, entraîné de fortes perturbations au sein des systèmes de santé (services surchargés, interruption de prise en charge…). Selon la modélisation britannique, la crise du Covid-19 pourrait ainsi entraîner jusqu'à 10 % de décès supplémentaires liés au VIH, 20 % liés à la tuberculose et 36 % liés au paludisme dans les 5 ans à venir par rapport à une situation sans Covid-19.

Interruption de traitement et de diagnostic

Les chercheurs ont identifié ce qui alourdissait le fardeau de chacune des trois pathologies en période de pandémie Covid-19 : l'interruption du traitement antirétroviral qui a pu survenir en cas de forte tension au sein du système de santé pour le VIH ; une période prolongée de baisse des diagnostics et des traitements des nouveaux cas de tuberculose ; et l'interruption des campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée contre le paludisme.

« Ces perturbations pourraient entraîner une perte d'années de vie dans les 5 ans à venir, qui serait du même ordre de grandeur que l'impact direct de Covid-19 dans les endroits où le paludisme et les grandes épidémies de VIH et de tuberculose sont très répandus », estiment les auteurs.

Ils en appellent ainsi à la continuité de l'accès aux traitements et au maintien des campagnes de prévention. Pour le paludisme, par exemple, la priorité doit être donnée aux mesures préventives à grande échelle (moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée, traitements prophylactiques…).

Des décisions politiques complexes

Dans cette étude, les chercheurs ont envisagé quatre scénarios de réponse à la pandémie, définis selon les mesures mises en place contre le Covid-19 (distance physique, confinement…) et leurs effets sur la durée d'interruption des activités médicales.

Bien gérées, les mesures à long terme visant à supprimer le virus pourraient permettre d'éviter un grand nombre de décès par Covid-19. Néanmoins, note Timothy Hallett, qui a codirigé l'étude : « Si elles ne sont pas bien gérées, elles pourraient amener les gens à se tenir à l'écart des hôpitaux et obliger à annuler les programmes de santé publique, ce qui entraînerait une forte hausse des décès dus à d'autres grandes maladies infectieuses qui avaient été maîtrisées jusque-là. » L'auteur souligne ainsi les difficultés auxquelles sont confrontés les décideurs politiques.


Source : lequotidiendumedecin.fr