Courrier des lecteurs

Mais où sont donc passés les tests de dépistage du cancer colo-rectal ?

Publié le 21/03/2019

C’est avec une certaine délectation que j’ai pris connaissance d’un article sur lequotidiendumédecin.fr (4 mars 2019) concernant le dépistage du cancer du côlon. Une CPAM -avec l’ARS- a pris les devants (au sens propre comme au figuré) pour expliquer à ses assurés sociaux, au moyen d’un vidéo, comment effectuer ce test.

Cela est très humoristique, mais pose des questions quant au degré de discernement de nos organismes sociaux et de tutelle. Il est vrai que le dépistage du cancer du côlon qui était anciennement pris en compte par des associations départementales est actuellement géré par les CPAM.

Pour comprendre ma surprise, revenons quelque peu en arrière. Il y a quelques mois (novembre), au moment de faire la commande des tests (ce sont les généralistes qui donnent ces tests aux patients) via ameli.fr, je n’ai pas bien compris la raison pour laquelle je n’arrivais pas à me connecter à la rubrique concernée. A la place du dossier de commande j’avais la possibilité de commander un tensiomètre (mais uniquement si j’étais un jeune installé). Bref sans aucune explication, je ne suis pas arrivé à commander ces f….tests.

C’est alors que j’ai envoyé un mail au service de la CPAM (via ameli) qui m’a répondu au bout de 10 jours. En fait les tests ne sont plus fournis actuellement par les Caisses, mais par les associations comme « au temps préhistorique ». Cette disposition m’avait théoriquement été donnée grâce à un mail début novembre (cela aurait été plus simple à mon avis de l’expliquer sur le site ameli, mais je suis un peu pinailleur).

Très surpris, j’ai contacté Dépistage 66 (association en charge du dépistage dans mon département) pour en avoir le cœur net. Les secrétaires m’ont expliqué que, pour des raisons administratives (plainte d’une société en concurrence), la Sécu avait suspendu la distribution des tests. Etant aussi avisés que des fourmis, l’association a fait des provisions pour tenir un mini-siège (il ne faut pas que ce soit trop long), et permettre un approvisionnement via des interfaces (centres de radiologie…). Bref, nous nageons dans une nébuleuse, et je plains les confrères qui ne peuvent s’approvisionner (alors qu’ils sont de bonne foi) en tests.

De toute manière, on explique aux assurés sociaux comment utiliser les tests théoriquement retirés du marché (quelles dépenses lors de la réalisation de cette vidéo pour la collectivité ?), et en pratique parfois distribués par des associations (une véritable soupe de figues)… Comme quoi en matière de prévention, il faut parfois demander à des acteurs plus confirmés que soi !

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9734