Outre l'évaluation de l'état clinique, les cardiologues se fondent sur plusieurs examens non invasifs (échocardiogramme, test d'effort, holter) pour savoir si leurs patients peuvent retrouver leur vie professionnelle, après un événement coronarien. Toutefois, cardiologues et médecins généralistes ne peuvent intervenir pour favoriser ou empêcher la reprise de poste d'une personne ayant été victime d'un accident cardiaque. Leur rôle se limite, en effet, à fournir au médecin du travail un maximum d'informations sur l'état de santé du patient. Cette communication n'étant possible qu'avec l'accord de ce dernier. Secret médical oblige, le médecin du travail ne peut, ainsi, accéder aux données de santé du patient sans avoir recueilli son consentement.
« Lorsqu'il existe une contre-indication à la reprise de poste, notre rôle consiste à convaincre le patient d'en informer son médecin du travail. Nous ne pouvons prendre directement contact avec ce dernier, sans son autorisation », confirme le Dr Dany-Michel Marcadet, cardiologue au Centre cœur et santé Bernouilli (Paris) et membre du comité directeur du Groupe exercice réadaptation sport-prévention (GERS-P) de la Société française de cardiologie. Si le patient refuse de divulguer les informations concernant sa santé au médecin du travail, celui-ci peut prescrire les examens nécessaires à sa prise de décision.
Des critères de retour au travail bien établis
Après un événement coronarien, 70 % des patients retournent directement à leur domicile. Mais 30 % des patients passent par un centre de réadaptation. « Pour le médecin d'aptitude, le suivi cardiologique et le passage dans un centre de réadaptation sont des éléments favorisant une reprise plus précoce. Malheureusement, à l'heure actuelle, les patients ne vont pas suffisamment en réadaptation. Cela est notamment le cas de ceux qui ont subi une angioplastie. Ils ne disposent pas toujours des informations leur permettant de bénéficier d'un suivi correct », note le Dr Marcadet. Pourtant, le suivi médical (observance des rendez-vous médicaux, des traitements, passage en réadaptation) est l'un des critères permettant au médecin du travail et d'aptitude d'établir sa décision concernant une éventuelle reprise du travail du patient. Les autres paramètres pris en compte sont la sévérité de la cardiopathie et les éventuelles comorbidités, ainsi que les contraintes physiques, psychologiques, cognitives et environnementales liées au poste de travail et aux traitements. « Par exemple, les anticoagulants sont une contre-indication à la reprise du travail dans les postes de sécurité, les stimulateurs en cas de travail dans un environnement électromagnétique, les substances diminuant la vigilance dans les postes où les qualités cognitives sont importantes (aiguilleurs, pilotes, conducteurs de train…) », précise le Dr Marcadet.
Des facteurs psychologiques et socio-économiques
D'autres facteurs clés entrent également en jeu dans la balance. En France, le retour au travail après un accident coronarien est davantage lié au contexte socio-économique des patients (46 %) et à leur profil psychologique (40 %) qu'à leur état de santé cardiaque (13 %). « Les patients ne bénéficient pas toujours d'une consultation avec un psychologue. Mais ceux qui sont passés par un centre de réadaptation en voient systématiquement un. Par ailleurs, d'un point de vue socio-économique, les femmes sont moins bien loties que les hommes pour la reprise du travail. Les études montrent qu'elles occupent souvent des emplois plus précaires, et qu'elles sont davantage remerciées après une absence prolongée », confie le Dr Marcadet.
Actuellement, la moyenne d'âge de survenue d'un premier accident coronarien (femmes et hommes confondus) est de 52 ans. Après un tel événement, le retour au travail est de 78 % à un an, 62 % à trois ans et 42 % à sept ans. « Arrêts maladie prolongés et mises en invalidité ne sont malheureusement pas rares », commente le Dr Marcadet. Enfin, certaines pathologies cardiaques compromettent davantage le retour au travail. Par exemple, le taux de reprise après un pontage (70 %) est beaucoup plus faible qu'après une angioplastie (80 %).
D'après un entretien avec le Dr Dany-Michel Marcadet, Centre cœur et santé Bernouilli (Paris)
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