La vaccination des enfants contre le Covid est restée particulièrement faible en France, observe une étude de cohorte rétrospective publiée ce 10 décembre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France. Alors que les autorités ont élargi la vaccination à tous les enfants de 5 à 11 ans le 17 décembre 2021, seulement 5,3 % d’entre eux ont reçu au moins une dose d’un vaccin entre le 1er janvier 2021 et le 15 novembre 2023, soit un enfant sur 20 (320 737 petits). À titre de comparaison, 38 % des Italiens de 5 à 11 ans et 24 % des petits Américains ont été immunisés. Ce taux s’élève en France sur la période à 7,8 % chez les enfants à risque de forme grave (28 814 petits), voire 13,9 % chez les diabétiques et 7,4 % chez ceux atteints d’une maladie respiratoire chronique.
Les auteurs déplorent un « échec de la stratégie » vaccinale des enfants avec comorbidités, qui s’expliquerait par « la méfiance de certains parents en termes d’hésitations concernant la sécurité et les effets indésirables des vaccins, d’efficacité en conditions réelles plus faible chez les enfants, et au regard de leur faible risque de présenter des formes graves de Covid ».
Pour rappel, la vaccination Covid est recommandée dans le calendrier vaccinal à l'automne pour les personnes à risque de forme grave, dont « les nourrissons à partir de 6 mois, enfants et adolescents atteints de comorbidités, ayant un risque plus élevé de forme grave de la maladie ». Par ailleurs, il est aussi rappelé que « toute personne souhaitant se faire vacciner, même si elle ne fait pas partie de la cible, peut recevoir une dose de vaccin contre le Covid-19 ».
Parmi les enfants vaccinés, 67 % ont reçu deux doses, et seulement 2 % trois doses, en majorité dans les centres de vaccinations (77 %). Plus de 80 % avaient 8 ans ou plus, 48 % étaient de sexe féminin. « Cette différence entre les enfants plus âgés et plus jeunes pourrait être liée à la priorisation de vaccination des collégiens de moins de 12 ans mais aussi refléter les variations dans l’hésitation des parents en fonction de l’âge des enfants », lit-on.
Les chercheurs ont utilisé les données du système national des données de santé (SNDS, y compris du registre mère-enfant EPI-Mères) chaînées au système d’information Vaccin Covid (Vac-si). Dans 99,5 % des cas, les enfants ont reçu le vaccin Pfizer-BioNtech.
Des écarts entre l’Ouest et l’Est de la France
Les chercheurs observent une différence dans la couverture vaccinale entre le Grand Ouest qui concentre les taux les plus élevés (7,8 % en Normandie et Bretagne, 7,2 % dans les Pays de la Loire), et le Sud Est ainsi que les Drom (seulement 3,7 % et 2,7 % en Occitanie et Provence-Alpes Côte d’Azur, 1,8 % en Corse et Guyane, autour de 1 % en Martinique et Guadeloupe…). Un reflet des variations du statut vaccinal des adultes, est-il avancé.
Au-delà du gradient géographique et de la présence de comorbidités, de situations médicales à risque ou de prématurité, les chercheurs retrouvent comme facteur déterminant de la vaccination pédiatrique la présence de comorbidités chez la mère (notamment obésité et diabète), et sa vaccination, qui est le facteur le plus prédictif de celle de l’enfant. Les auteurs mettent aussi en avant un facteur social puisque les enfants des quintiles plus favorisés représentent 24,7 % des vaccinés, ceux des quintiles les plus défavorisés, 16,6 %. « Cela révèle la persistance et /ou l’exacerbation des inégalités sociales observées pendant la pandémie sur le risque d’infection et l’accès aux tests diagnostiques », lit-on.
En conclusion, les auteurs appellent à renforcer la sensibilisation et l’information des familles sur la vaccination, notamment celles des enfants souffrant de maladies chroniques ou provenant de milieux défavorisés.
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