Être généraliste libéral dans les zones d'intervention prioritaire (ZIP), ces territoires majoritairement périurbains ou ruraux caractérisés par une offre médicale insuffisante ou des difficultés d'accès aux soins, nécessite des reins solides, illustre une étude sur les pratiques de ces 7 000 médecins de famille entre 2014 et 2017.
Dans un contexte de dégradation de l'offre ambulatoire (1 700 omnipraticiens libéraux en moins entre 2013 et 2019), les généralistes de ces zones en forte tension (qui couvrent 17 % de la population) se distinguent de leurs 58 300 confrères par des pratiques spécifiques.
Cadence supérieure
Plus souvent des hommes (63 % contre 57 % hors ZIP), plus âgés que leurs confrères (54 ans vs 51 ans), ils ont une patientèle de 14 % plus élevée (toutes choses égales par ailleurs) et effectuent 10 % de consultations supplémentaires sur l'année. Leur rythme de travail est « plus soutenu », résume la DREES.
Si leur charge horaire est importante (75 % des médecins dans ces déserts médicaux déclarent travailler plus de 45 heures par semaine et 10 % plus de 70 heures), leur volume global de travail reste en réalité « équivalent » à celui des médecins hors ZIP. Mais leur nombre d'actes étant plus élevé, le temps accordé à chaque consultation est raboté de 10 % en moyenne dans ces zones sous-dotées. « Le contexte particulier de leur exercice les conduit à réaliser des consultations plus courtes », peut-on lire.
Moins de FMC
Autre caractéristique : les généralistes libéraux en ZIP se forment moins que leurs confrères malgré les mêmes besoins déclarés. 21 % d’entre eux indiquent ne pas avoir suivi de formation continue durant l’année précédant l’enquête, contre 13 % des médecins des autres zones. La FMC, devenue DPC, pourrait constituer une variable d'ajustement du temps de travail suggère la DREES. Ces médecins déclarent à cet égard des niveaux de connaissances « légèrement inférieurs » pour le dépistage du cancer du sein, l’évaluation du rapport bénéfice risque du traitement hormonal de la ménopause et les méthodes de contraception.
La communication et la collaboration avec certains autres acteurs du parcours de soins sont un peu différents dans ces territoires prioritaires. Les généralistes y constatent une moindre sollicitation de la part des médecins hospitaliers sur la faisabilité du retour ou du maintien à domicile de leurs patients. Ils participent également moins souvent aux réunions de concertation pluridisciplinaire pour leurs malades atteints de cancer. En revanche, il y a autant d'informations partagées avec leurs confrères spécialistes.
Leur avis quant à la délégation de la vaccination (prescription ou acte) ne diffère pas de celles des médecins hors ZIP mais ils sont « plus souvent favorables » à l’idée d’être aidés par un infirmier rémunéré par la CNAM pour ce suivi des vaccinations.
Ces généralistes affichent enfin de moindres scores en matière de prévention (en lien avec leur rythme accru de consultation) et prescrivent « significativement plus » d’antidouleurs opioïdes mais moins de soins paramédicaux.
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