Les individus qui dorment plus de 8 heures par jour seraient plus susceptibles que les autres de faire un AVC, selon une étude prospective réalisée par l’Université de Cambridge et menée par le Pr Kay-Tee Khaw du service gérontologie clinique. Les conclusions ont été publiées dans la revue « Neurology ».
L’équipe de chercheurs a suivi 9 692 personnes âgées de 42 à 81 ans (moyenne d’âge 62 ans) provenant de la cohorte européenne « Prospective Investigation of Cancer-Norfolk (EPIC-Norfolk) » pendant 10 ans. Les participants ont rempli deux questionnaires entre 1998-2000 et 2002-2004, l’un consistant à estimer le nombre d’heure de sommeil en 24 heures en fonction des différentes tranches (‹ 4, 4–6, 6–8, 8–10, 10–12 et› 12), l’autre à évaluer la qualité du sommeil. Des variables ont ensuite été ajustées lors de l’analyse des données : âge, sexe, classe sociale, éducation, consommation d’alcool, antécédents familiaux d’AVC, usage de drogues hypnotiques, activité physique, trouble dépressif, préexistence d’infarctus du myocarde, diabète et usage d’antihypertenseurs.
Des mécanismes sous-jacents flous
Quelque 2 022 personnes ont déclaré dormir moins de 6 heures par jour, 6 684 entre 6 et 8 heures et 986 plus de 8 heures par jour. Les personnes dormant moins de 6 heures et plus de 8 heures sont plus souvent des femmes âgées, peu actives, présentant un trouble dépressif et prenant un antihypertenseur. Au cours des dix années d’études, 346 participants ont eu un AVC et 67 en sont décédés. Après ajustement des données, les chercheurs ont constaté que les personnes qui dormaient plus de 8 heures par jour avaient 46 % plus de risque d’avoir un AVC par rapport aux personnes de même âge dormant entre 6 et 8 heures. Ce risque est encore plus élevé si le nombre d’heures de sommeil a augmenté pendant l’étude.
L’étude suggère par ailleurs que le manque de sommeil serait lié à un risque d’AVC ischémique alors que le surplus de sommeil serait associé à un risque d’AVC hémorragique. « Il est difficile de comprendre pourquoi différentes durées de sommeil pourraient être associées à différents sous-types d’AVC », notent les auteurs. « Nous avons besoin de comprendre les mécanismes sous-jacents qui lient le sommeil et le risque d’AVC. Qu’est-ce qui cause ce lien ? », a expliqué le Pr Kay-Tee Khaw, auteur principal de l’étude.
Des limites méthodologiques
L’effet de comorbidités ou de troubles du sommeil éventuels n’a pas été mesuré, or ils ne peuvent pas être négligés, selon les auteurs. « Nous avons évalué la qualité du sommeil général à l’aide d’un questionnaire mais c’est une mesure relativement brut, nous avons été incapables de différencier, les personnes qui dorment très peu naturellement, et celles qu’ils le sont parce qu’elles rencontrent des contraintes (insomnie, apnée…) », écrivent les auteurs. Des études plus vastes sont nécessaires « pour reproduire nos résultats et aider à comprendre les mécanismes ».
Des études précédentes avaient montré que la privation de sommeil était liée à une perturbation de la sécrétion du cortisol, l’hormone du stress. Ce mécanisme pourrait conduire à une hypertension artérielle avec un risque accru d’AVC. Pour l’heure, la conclusion de cette étude souligne que le sommeil prolongé pourrait être un marqueur utile de risque accru d’AVC chez les personnes âgées.
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