Dans la sclérose en plaques sévère

L’autogreffe des cellules souches est prometteuse

Publié le 12/02/2015
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Crédit photo : PHANIE

« Des études randomisées de plus grande taille s’imposent, cependant il est très encourageant de voir que ce traitement puisse être si supérieur à un traitement de référence chez les patients qui ont une SEP sévère mal contrôlée par les traitements standards », commente le Dr Giovanni Mancardi (université de Gênes, Italie). L’essai de phase 2, portant sur 21 patients traités en Italie et en Espagne, est publié dans la revue « Neurology ».

Dans la sclérose en plaques (SEP), affection auto-immune a l’évolution très hétérogène, les cellules inflammatoires des patients attaquent la myéline entourant les axones du système nerveux central. Il en résulte une dégénérescence axonale aboutissant a des handicaps. Les traitements conventionnels ont une action insuffisante pour contrôler les formes progressives.

Immunosuppression

Une immunosuppression intense (visant à éliminer l’immunité autoréactive) suivie de l’autogreffe de CSH (pour restaurer l’immunité) est une thérapie expérimentale offerte à certains patients atteints de SEP (plus de 800 patients ainsi traités ont ce jour). Son bénéfice potentiel a été rapporté dès 1995. Outre ses effets immunosuppresseurs, cette thérapie pourrait réinitialiser le système immunitaire et induire une tolérance prolongée vis-à-vis des auto-antigènes.

Mancardi et coll. publient la première étude contrôlée randomisée comparant l’autogreffe à un traitement de référence (mitoxantrone) dans la SEP sévère (rémittente ou secondairement progressive) ne répondant pas au traitement conventionnel. L’étude, qui avait été lancée en 2004 comme un essai de phase 3, s’est transformée en essai de phase 2 en raison d’un faible enrôlement.

Après mobilisation des CSH (par cyclophosphamide et filgastrim) et prélèvement des CSH périphériques, 9 patients ont reçu une immunosuppression myélo-ablative (conditionnement par BEAM) suivie de l’autogreffe des CSH. Les 12 autres patients ont été traités par mitoxantrone (20 mg en perfusion IV chaque mois, pendant 6 mois).

Moins de nouvelles lésions

Le principal résultat est que dans les 4 ans après la randomisation, les patients ayant reçu l’autogreffe ont une diminution de 80 % des nouvelles lésions T2 à l’IRM, en comparaison de ceux traités par mitoxantrone (2,5 au lieu de 8 en moyenne). L’effet est déjà visible après un an.

L’autogreffe a aussi entraîné une suppression complète des lésions inflammatoires actives, comme l’indique l’absence de nouvelles lésions rehaussées au gadolinium, alors qu’une activité inflammatoire est restée présente chez 56 % des patients traités par mitoxantrone.

Sans surprise, l’autogreffe a occasionné des effets secondaires sévères (n = 4), toutefois sans séquelle ni décès.

« Au vu des résultats, on peut présumer que le traitement des cellules souches pourrait profondément modifier l’évolution de la maladie », souligne le Dr Mancardi.

Ces bons résultats devraient faciliter l’enrôlement des patients dans une étude multicentrique de phase 3 déjà lancée aux États-Unis, au Brésil et en Suède (clinicaltrials.gov, NCT00273364). Dans cette étude contrôlée, l’autogreffe sera précédée d’une immunosuppression moins intense (non myélo-ablative). Elle évaluera l’efficacité sur la progression clinique.

Neurology, Mancardi et coll., jeudi 12 février 2015

Dr Véronique Nguyen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9386