Le manque de sommeil peut réduire le volume de matière grise du cerveau des adolescents, selon une étude française publiée dans « Scientific Report ».
Les chercheurs de l'unité INSERM 1000 « Neuro-imagerie et psychiatrie » (Université Paris-Descartes/Université Paris Sud) ont étudié le cerveau et les habitudes de sommeil de 177 élèves parisiens de 14 ans.
En moyenne, ces enfants se couchent à 22 h 20 en semaine pour se lever à 7 h 06 et se couchent à 23 h 30 le week-end pour se lever à 9 h 45, avec de fortes disparités entre les adolescents. « À l'adolescence, l'heure d'endormissement devient plus tardive sous l'influence conjuguée de modifications de l'horloge interne gouvernée par le tronc cérébral, et de pressions sociales exercées par les amis, les écrans et l'accroissement du rythme scolaire », explique Jean-Luc Martino, directeur de recherche de l'unité INSERM 1000 qui a dirigé ces travaux, issus du consortium européen IMAGEN, et avec le soutien de l'académie de Finlande.« Dans le même temps, les heures de lever ne changent pas car elles dépendent des horaires scolaires. Il y a de plus des modifications de la qualité du sommeil qui sont observées », poursuit-il.
Pour Jean-Luc Martino, une nuit de 7 heures de sommeil est déjà « un peu trop juste » pour un adolescent. En dessous de cette durée, son équipe constate une diminution des volumes de matière grise au niveau du cortex frontal, du cortex cingulaire antérieur et du précunéus. « Le facteur le plus important est le décalage entre les horaires de sommeil du week-end et de la semaine, affirme Jean-Luc Martino, ils sont dans une situation de "jet lag" permanent le week-end, afin de rattraper la dette de sommeil accumulée dans la semaine. »
Des mécanismes encore inconnus
Les chercheurs ont par ailleurs observé une corrélation entre manque de sommeil et évolution négative des notes scolaires. Les mécanismes expliquant cette évolution sont « impossibles à déterminer avec nos moyens d'exploration IRM », précise Jean-Luc Martino. Il faut en effet prendre en compte les variations naturelles des cerveaux adolescents, « des variations du volume et de la qualité de la matière blanche que l'on connaît depuis peu de temps » ajoute-t-il.
La maturation du cerveau adolescent se caractérise en effet par une sélection des synapses, « les circuits qui vont être utiles à l'âge adulte sont conservés et une partie de ceux de l'enfance vont disparaître, détaille Jean-Luc Martino, c'est ce processus qui est perturbé par le manque de sommeil. »
La période de l'adolescence est un moment particulier où l'on assiste au développement des émotions. « Nous avons d'ailleurs observé l'apparition de symptômes anxieux et dépressifs chez les jeunes qui dormaient le moins », précise Jean-Luc Martino.
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