Maladie d’Alzheimer : une prouesse mondiale avec 11 nouveaux gènes identifiés

Publié le 28/10/2013
1382981142467677_IMG_114476_HR.jpg

1382981142467677_IMG_114476_HR.jpg
Crédit photo : S. TOUBON

Le résultat est presque aussi stupéfiant que les moyens mis en œuvre pour l’obtenir. Onze nouveaux gènes de susceptibilité viennent d’être confirmés dans la maladie d’Alzheimer, ce qui double à 21 le nombre de régions du génome impliquées, moins de 3 ans après le lancement de « la plus grande étude jamais réalisée » dans la maladie neurodégénérative. Lancé en février 2010, ce travail international d’une ampleur sans précédent est le fruit de la collaboration des quatre plus grands consortiums de recherche internationaux sur la génétique de la maladie d’Alzheimer.

Le programme baptisé IGAP (pour International genomics of Alzheimer project) ayant fédéré les chercheurs de 145 institutions européennes et nord-américaines a été coordonné par l’équipe INSERM dirigée par Philippe Amouyel à Lille (unité mixte de recherche INSERM-Institut Pasteur de Lille-Université Lille Nord de France « Santé publique et épidémiologie moléculaire des maladies liées au vieillissement »). Ce travail permet d’avoir une vue d’ensemble des mécanismes moléculaires à l’origine de cette maladie complexe.

Un bond de 2 décennies en moins de 3 ans

En moins de 3 ans, les chercheurs ont réussi à identifier plus de gènes qu’au cours des 20 dernières années. Le travail a été mené en 2 étapes. La première a consisté à réanalyser les données disponibles de plus de 17 000 cas de maladie d’Alzheimer et à les comparer à 37 000 témoins, pour retenir au final 11 632 mutations sur les 7 millions identifiées. Quant à la deuxième étape, elle avait pour but de confirmer ces résultats dans des échantillons indépendants provenant de 11 pays différents et totalisant 8 572 patients et 11 312 témoins. La découverte de 11 nouveaux gènes a été confirmée en plus de ceux déjà connus et 13 autres sont encore en cours de validation.

Une complexité croissante à explorer

Cette prouesse scientifique fait avancer la compréhension de la maladie et rend compte de sa très grande complexité, en confirmant des hypothèses connues et en en avançant de nouvelles. Ainsi, une des associations les plus significatives a été retrouvée dans une région du complexe majeur d’histocompatiblité, la région HLA-DRB5/DRB1. Pour les chercheurs, cette découverte revêt un intérêt particulier car elle confirme l’implication du système immunitaire dans la physiopathologie et a été associée également à deux autres maladies neurodégénératives, à savoir la sclérose en plaques et la maladie de Parkinson.

À côté de l’ouverture de nombreuses autres pistes, par exemple en lien avec la fonction synaptique hippocampique ou avec le cytosquelette et le transport axonal, des hypothèses connues ont été renforcées, citons entre autres la voie amyloïde, de la réponse immune et de l’inflammation ou encore l’endocytose. « Ce travail démontre que face à la complexité d’une telle maladie, seul un regroupement des efforts de recherche au niveau mondial permettra de trouver plus rapidement des solutions à ce fléau du XXIe siècle. » En France, la maladie d’Alzheimer touche plus de 850 000 personnes.

Nature Genetics, publié en ligne le 27 octobre 2013

 Dr I. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr