UNE ÉQUIPE de chirurgiens californiens permet d’envisager la restauration d’un clignement de paupière après paralysie faciale. Pour cela, C. W. Senders et coll. ont eu l’idée de réaliser une bride dans la paupière à partir d’un fascia. Cette bride est fixée par de petites vis en titane au niveau de l’orbite, et elle est mise en jeu par un muscle artificiel en polymère électroactif et activé par un micromoteur électrique. L’ensemble constitué par le muscle et le micromoteur a été dissimulé dans la fosse temporale homolatérale.
Les muscles artificiels comme ceux qu’on employé CW Senders et coll., développés depuis les années 1990, sont constitués d’un élément en silicone ou en acrylique souple dont les couches sont recouvertes de graisse carbonée. Lorsqu’un courant électrique est appliqué, les attractions électrostatiques créent une rétraction des couches externes et une contraction de la couche centrale, plus souple.
Le grand intérêt de ce système réside dans l’idée qui a consisté à faire commander le moteur par l’orbiculaire de la paupière controlatérale. Cette astuce permet aux deux yeux de cligner en même temps, grâce à un stimulus naturel.
Comme les auteurs l’expliquent, il a été difficile de déterminer les forces à appliquer sur la bride pour obtenir le clignement, c’est-à-dire d’effectuer le réglage de la puissance du moteur. L’utilisation de cadavres « frais » en a facilité la détermination.
Cette technique innovante, qui combine des polymères de silicone et du courant électrique, pourra être utilisée à terme sur d’autres muscles déficients. Les auteurs évoquent ceux qui sont impliqués dans le sourire, toujours en cas de paralysie faciale, ou encore dans le contrôle vésical. Cette technologie demande à être encore perfectionnée tout à la fois sur l’animal et sur des cadavres. Les chirurgiens formulent un espoir qu’ils considèrent comme raisonnable de commencer la mise en œuvre des essais cliniques dans les cinq années venir.
Senders CW, et coll. Force requirements for artificial muscle to create an eyelid blink with eyelid sling. Arch Facial Plast Surg 2010 ; 12 (1) : 30-6.
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