Antibiotiques : un inconvénient de poids

Publié le 22/12/2014
bébé pédiatre

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On sait que l’obésité de l’enfant et de l’adulte constitue un facteur de risque de nombreuses pathologies. Sa prévention est donc prioritaire en santé publique. L’enfance constitue une période critique pendant laquelle des facteurs environnementaux ont des effets à long terme sur le risque d’obésité. Il est donc essentiel d’identifier des facteurs modifiables. Dans ce contexte, L.C. Bailey et coll. ont voulu évaluer l’impact des antibiotiques prescrits entre 0 et 23 mois sur l’obésité infantile précoce (24-59 mois).
Les auteurs ont conduit une étude de cohorte pendant la période 2001-2013. Ont été enrôlés 64 580 enfants vus à leur visite annuelle entre 0 et 23 mois et lors des différentes visites de 24 à 59 mois.
L’étude s’est focalisée sur les épisodes ayant entraîné une prescription d’antibiotiques entre la naissance et 23 mois.
Le diagnostic d’obésité était établi sur la base des normes de l’indice de masse corporelle ( IMC) selon la NAHNES ( NAtional Health and Nutrition Examination Survey).
 
Résultats :
– 69 % des enfants avaient été exposés à une antibiothérapie avant 24 mois, avec une moyenne de 2,3 expositions par enfant ;
– l’exposition cumulative aux antibiotiques était associée à une obésité ultérieure : RR de 1,11 ( IC95 = 1,02-1,21) pour 4 expositions ou davantage ;
– cet effet était plus important en cas d’antibiothérapie à large spectre ( RR : 1,16) ;
– le RR était plus élevé en cas d’exposition précoce : 1,11 à 0-5 mois contre 1,09 à 6-11 mois ;
– en revanche, quel que soit l’âge, les antibiotiques à spectre étroit n’étaient pas associés à un risque d’obésité ;
– la prise de stéroïdes, le sexe masculin, un asthme et un wheezing étaient associés à un risque accru ; en revanche, une infection banale et les médicaments antireflux ne l’étaient pas.
Conclusion des auteurs : « Des expositions répétées à des antibiotiques à large spectre entre 0 et 23 mois sont associées à une obésité infantile précoce. » Pour les auteurs, il est possible de modifier le facteur « antibiotiques » en choisissant des antibiotiques à spectre plus étroit.
 
Dr Emmanuel de Viel
 
Bailey LC et coll. JAMA Pediatr 2014 ; 168 : 1063-9.


Source : lequotidiendumedecin.fr