Manger plus d’un œuf par jour n’augmente pas le risque de maladie coronaire ni d’AVC. C’est ce qui ressort d’une métaanalyse de 17 cohortes prospectives mettant en œuvre des suivis de 10 à 20 ans (plus de 3 millions de sujets années pour 5 847 cas incidents de maladie coronaire et plus de 4 millions de sujets années pour 7 579 cas incidents d’AVC) et détaillant la consommation alimentaire d’œufs sur au moins trois niveaux de dose.
L’analyse de sous-groupe montre cependant, chez les diabétiques, un surrisque de maladie coronaire chez les plus gros versus les moins gros mangeurs d’œufs (RR = 1,5), tandis qu’au contraire les mêmes ont un sous-risque d’AVC (RR = 0,8).
Pourtant, c’est bien dans l’objectif de diminuer le risque cardiovasculaire que l’on conseille classiquement de casser moins de coquilles, ou en tout cas de retirer les jaunes… Chaque œuf contient en effet 200 mg de cholestérol, et faire baisser la consommation de cholestérol alimentaire fait partie des objectifs du régime hypocholestérolémiant.
Cependant, si le lien est perdu dans cette métaanalyse entre le paramètre et le résultat clinique, et qu’il n’y a pas d’effet dose de l’œuf, cela ne tient pas forcément uniquement à la dilution de l’œuf dans le régime alimentaire général. Les auteurs expliquent pour leur part que les acides gras trans et saturés influencent davantage la LDL-cholestérolémie que la quantité totale de cholestérol alimentaire.
Au-delà de son aspect anecdotique, cette étude invite donc à remettre sur l’ouvrage le canevas des conseils nutritionnels délivrés aux hypercholestérolémiques… Une tâche d’autant plus urgente que l’œuf est par ailleurs une très bonne source de protéines peu chère et que la crise ne s’arrête pas au portefeuille des patients : dans un contexte de défiance envers les traitements médicamenteux et de renforcement des stratégies hygiénodiététiques, on vante le régime alimentaire hypocholestérolémiant : mais lequel ?
BMJ 2013;346:e8539 doi:10.1136/bmj.e8539 (epub jan 2013)
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