L’altération du mécanisme de la soif
La quantité de boisson nécessaire à un individu est normalement régulée par la soif. L’organisme est informé du besoin d’eau par des stimulations hormonales en particulier l’angiotensine II et l’ADH. Mais la sensation de soif chez le sujet âgé est déjà synonyme de déshydratation. En effet chez un sujet âgé pesant 70 kg, le seuil du déclenchement de la soif apparaît lorsque le déficit hydrique atteint au moins 2 l d’eau, alors que chez un adulte de même poids, le même déficit entraîne une soif très intense. En cas d’élévation de la température du milieu ambiant ou de fièvre, le déclenchement retardé de la soif explique la fréquence de la survenue de la déshydratation chez les sujets âgés…
À cette perte de la soif s’ajoutent d’autres mécanismes
La modification de la physiologie rénale. Il y a une diminution fonctionnelle rénale, avec notamment une diminution de la réabsorption rénale du sodium, une diminution de la sécrétion d’ADH, une modification du système rénine angiotensine et une baisse de la sensibilité à la vasopressine…
Les troubles de déglutition et même la simple dysphagie.
La peur de l’incontinence tend à faire diminuer les apports hydriques.
L’anorexie diminue l’apport d’eau liée aux aliments ; les patients qui mangent peu boivent peu.
Une difficulté d’accès à la boisson en raison de troubles de la mobilité, de troubles visuels ou de troubles cognitifs.
Les traitements diurétiques ou l’excès de laxatifs qui augmentent les pertes d’eau et les sédatifs eux-mêmes qui diminuent la vigilance et le besoin de boire.
Toutes les maladies aiguës qui entraînent une fièvre avec hyperpnée ou une diarrhée ou des vomissements ou une polyurie (diabète mal équilibré par exemple).
La prévention de la déshydratation
Le diagnostic de déshydratation est d’autant plus difficile que le sujet est plus âgé. La peau n’est plus un bon témoin, la langue non plus, l’agitation doit l’évoquer.
Une prévention spécifique chez l’adulte âgé consiste comme chez l’adulte jeune à maintenir l’équilibre entre les entrées et les sorties d’eau. La surveillance du poids est essentielle à prévenir déshydratation et dénutrition. La quantité de boisson doit être suffisante. On ne demande pas à un sujet âgé s’il a soif ; on lui sert à boire. Les adultes âgés, comme les plus jeunes, ont un besoin hydrique de 30 à 45 ml d’eau/kg/j. Cet apport liquidien est fourni pour moitié par les boissons, l’autre moitié étant apportée par l’eau de constitution des aliments, d’où l’importance de savoir faire « manger de l’eau ». L’aliment le plus utilisé étant un yaourt qui équivaut à 1 verre d’eau et apporte en outre calcium et protéines.
À domicile, Il faut :
- conseiller un apport varié : eau, thé, tisanes, potages, jus de fruits, etc. ; et conseiller de boire souvent et en petite quantité puisque la distension gastrique diminue encore la soif ;
- conseiller d’augmenter la consommation d’aliments riches en eau comme les crudités ou les fruits et les fromages frais, surtout si la température extérieure augmente (canicule), ou que les appartements sont surchauffés. Mais aussi ne pas oublier de boire beaucoup plus en cas de fièvre. Dans ce cas, apporter 500 ml de liquide de plus par degré de température au-dessus de 38°;
- si le sujet est peu autonome, il faut le faire boire régulièrement : un verre toutes les deux heures.
Les sujets à risque et à surveiller particulièrement sont les sujets fragiles, ayant perdu leur autonomie locomotrice, les sujets vivant seuls et les sujets atteints de maladie d’Alzheimer ou syndrome apparenté.
En institution
Le rôle de l’équipe soignante est très important et consiste à prévenir la déshydratation, par la mesure des apports hydriques et alimentaires et par l’augmentation des apports. En cas de troubles de déglutition, il est possible de proposer une forme d’hydratation adaptée, avec de l’eau gélifiée, des yaourts ou des poudres épaississantes qui permettent d’ingérer sans risque des liquides.
Les conséquences
Une conséquence banale de la perte de la soif est la constipation. C’est une habitude qu’il ne faut pas laisser s’installer, c’est souvent le signe que votre patient ne boit pas assez. Il faudra préférer la diététique et les massages abdominaux aux laxatifs. Il faut recommander d’augmenter la consommation des fibres alimentaires, d’hydrater le bol alimentaire et de stimuler la fibre musculaire.
Une conséquence grave la déshydratation. La déshydratation est la perturbation métabolique la plus fréquente ; c’est la 4° cause d’hospitalisation en court séjour, elle existe chez 25 % des sujets en institution. Elle entraîne une morbidité et une mortalité importante ; elle est aggravée par la polypathologie et la polymédication.
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