Lutte contre l’obésité

Dix orientations pour une politique efficace

Publié le 10/12/2010
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Crédit photo : S. TOUBON

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Crédit photo : S TOUBON

« BEAUCOUP DE TRAVAUX existent déjà sur l’obésité, aussi ce rapport fait l’inventaire des données scientifiques à prendre en compte pour mener avec succès une lutte contre l’obésité », annonce en préambule la rapporteure et sénatrice (UMP) Brigitte Bout. En effet, dans son rapport de 200 pages, commandé par la commission des Affaires sociales du Sénat, l’OPECST n’allonge pas la liste des recommandations, mais se penche sur leur articulation et préconise des orientations stratégiques pour une meilleure prise en charge des malades.

L’enjeu est de taille, car l’obésité est, encore aujourd’hui, peu reconnue comme maladie. Comme le note Brigitte Bout, on a tôt fait de « se sentir compétent pour en parler dans la mesure où ses causes paraissent simples à première vue : il suffit de manger moins et de bouger plus. » En outre, il est courant de porter sur les malades un regard moralisateur, faisant de l’obésité un problème de comportement ou de volonté. L’idéal de la minceur, répandu à travers les médias et les produits culturels, ne favorise en rien une approche scientifique et sociale. Enfin, les politiques de prévention se sont montrées jusqu’à présent très timides. Voire inefficaces.

Les 10 orientations stratégiques proposées dans la dernière partie du rapport, et qui en font le cœur, doivent remédier à cette situation. Leur pertinence tient à ce qu’elles se nourrissent des quatre parties précédentes où sont exposées les données actuellement disponibles sur l’obésité, en insistant sur la pluralité des déterminants, et sur les apports de la recherche.

D’abord, Brigitte Bout insiste sur le renforcement des recommandations existantes. Constatant « un certain découragement de la part des scientifiques, politiques ou médecins impliqués dans cette cause » face aux fins de non-recevoir de leurs rapports, elle tient à insister sur la nécessité de mettre en application les mesures déjà préconisées. Elle appelle également au renforcement des politiques de lutte contre les inégalités socioculturelles, l’obésité étant plus répandue dans les milieux défavorisés.

Des piliers pour le plan.

Ensuite, la rapporteure s’adresse directement au sommet en indiquant cinq piliers sur lesquels devrait reposer le futur plan de prévention de l’obésité, annoncé pour 2011 par Nicolas Sarkozy et préparé sous la houlette du Pr Arnaud Basdevant : une gouvernance nationale interministérielle, un comité scientifique recensant les acquis scientifiques, des messages sur les systèmes de représentation, exaltant les valeurs de plaisir et le bien-être, mieux entendues que celle de la santé, des actions locales en direction des populations à risque et une évaluation des politiques publiques. À l’échelle du Sénat, Brigitte Bout appelle la commission des Affaires sociales à élaborer une proposition de loi visant à promouvoir « une France active qui s’alimente sainement ».

Trois autres orientations concernent directement l’environnement de l’individu et demandent en particulier la réglementation des régimes amaigrissants et de la publicité pour les produits alimentaires transformés (qui devrait être supprimée, selon la rapporteure, avant, pendant et après les programmes jeunesse et sur les chaînes jeunesse). La qualité de l’offre alimentaire, la réduction du sel, sucre, et gras, la limitation de la taille des portions, l’activité sportive et la diversité corporelle, sont aussi encouragés. Et la recherche est invitée, de son côté, à se pencher sur les aspects comportementaux, sociaux, économiques et environnementaux de la pathologie.

Enfin, l’OPECST appelle à la mise en place d’un dépistage généralisé de l’obésité viscérale et d’une politique de prévention précoce, afin de repérer dès la grossesse d’éventuelles situations à risques.

 COLINE GARRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8874