Du symbole au verre

L’HISTOIRE des boissons s’inscrit dans les différents concepts du corps qui se sont succédé et associés au fil du temps. Après la médecine galénique, qui considère que les boissons froides ou chaudes permettent d’équilibrer les fluides, le paradigme du corps chimique amène l’émergence des eaux minérales et des boissons amères (thé, café, chocolat) favorisant la « spiritualisation » du corps. Le corps « énergétique » naît avec la thermodynamique. Il s’agit alors de fournir des combustibles au corps avec des reconstituants, des boissons de l’effort ou antifatigue, des vins toniques. La focalisation, au début du XXe siècle, sur le corps cellulaire voit apparaître la notion de vitamines, les boissons fermentées et les kéfirs, suivie par les diverses boissons aux propriétés antioxydantes.

Globalement, la France est le pays où l’on consomme la plus forte proportion d’eau et le moins de soda, avec 61 litres/personne/an (pour 131 litres en Allemagne, le plus gros consommateur). Cela tient, d’une part, à une préférence déclarée pour le goût salé (le sucré étant associé au péché de gourmandise), à la consommation de boissons essentiellement pendant les repas où l’association du sucré au salé est mal admise. La répartition entre les diverses catégories de boissons (eaux, boissons chaudes, produits lactés, jus de fruits, boissons rafraîchissantes sans alcool, boissons alcoolisées) diffère en fonction de la classe d’âge.

Quels conseils en pratique ?

Les besoins hydriques varient selon les individus et le contexte, mais le repère classique de 1,5 l/jour donne une bonne idée de la quantité d’eau à boire dans une ambiance tempérée pour une activité physique modérée, à répartir avant, pendant ou après les repas et en diversifiant le type de boisson. Tous les bénéfices santé allégués d’une bonne hydratation sont loin d’être prouvés, en dehors de la lithiase urinaire et vraisemblablement des calculs biliaires. En revanche, il a été parfaitement montré que l’hydratation joue un rôle important dans les performances – cognitives, sportives, mnésiques… – qui diminuent nettement dès l’apparition de la soif.

Les sodas sucrés ont été incriminés dans le développement de l’obésité. « C’est méconnaître qu’aucun aliment ou boisson particulière ne fait grossir, c’est l’excès calorique par rapport à l’activité physique qui conduit à l’obésité prévient le Dr Pascale ModaïÏ (nutritionniste, Paris). Les boissons ne contribuent que pour 10 % aux apports caloriques totaux dans toutes les tranches d’âge ». Il n’y a aucune raison d’interdire une consommation modérée de ces boissons à un sujet qui ne présente pas de problème de poids. Si dans le cadre d’une réduction des apports caloriques, on prête attention aux boissons sucrées, il faut aussi interroger les patients sur leur consommation de jus de fruits, qui, comme tous les aliments bons pour la santé, ont une valeur calorique très sous-estimée.

Il est certain que l’eau doit toujours être proposée en priorité. Chez un enfant sans problème de poids, il faut éviter de stigmatiser certains aliments ou boissons au risque d’induire des troubles du comportement alimentaire, mais recommander la modération pour toutes les consommations tout en respectant les habitudes familiales. Pour faciliter la modification du régime alimentaire chez l’enfant ou l’adolescent en surpoids, les boissons sucrées doivent être limitées, mais non interdites, et les boissons peu caloriques constituent une aide précieuse.

Chez l’adulte en surpoids, diabétique ou à risque cardio-vasculaire, on conseille de limiter les boissons sucrées, alcoolisées (qui favorisent l’hypertriglycéridémie), les eaux très bicarbonatées dans le cadre d’une restriction sodée. Il n’a, en revanche, jamais été cliniquement prouvé que les catéchines du thé ou le calcium de l’eau réduisent le poids. Le calcium est intéressant si l’alimentation est pauvre en laitages (en particulier chez les adolescentes ou les femmes) et l’excès de thé pendant les repas peut provoquer une anémie si l’apport carné est insuffisant.

Chez les sujets âgés, le problème n’est pas celui du poids mais de la déshydratation et de la dénutrition très fréquentes. Pour qu’ils s’hydratent avec plaisir, on conseillera de boire tout au long de la journée, quel que soit le type de boissons, les boissons sucrées apportant un apport supplémentaire en calories et en nutriments intéressants.

Session parrainée par Coca-Cola France.