Cultivé autrefois partout en France, le chanvre a connu son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles, grâce à la fabrication des cordages, toiles et voiles de bateau dites « Noyales ». Délaissé au profit des fibres synthétiques, sa culture a été progressivement abandonnée en Europe et ne représentait plus que 700 ha en France en 1960. C’est bien logiquement à Noyal-sur-Vilaine que l’association éponyme a contribué à ouvrir, début 2014 avec les autres acteurs de la filière, l’Espace éco-chanvre & fibres végétales, vitrine et centre de ressources qui vise à valoriser les potentiels économiques de cette plante. La France est le 2e producteur mondial, loin derrière la Chine mais largement première en Europe, avec 12 000 ha cultivés aujourd’hui.
Riches en protéines et oméga 3
Le chanvre se mange sous forme de graines décortiquées, d’huile, de jus, fermentés et crèmes végétales, de farines, gâteaux, etc. Décortiquée, la graine contient 40 % de protéines et 40 % de matières grasses, environ 8 % d’eau, 5 % de minéraux et 5 % de glucides.
Tout comme l’œuf, elle contient la totalité des acides aminés essentiels, ce qui en fait l’aliment végétal protéique le plus intéressant, après la poudre d’amande déshuilée. Or cet ingrédient se distingue aussi par ses qualités lipidiques : 78 % d’acides gras polyinsaturés, un ratio oméga 6/oméga 3 très équilibré, de 3 à 3,5 (il est actuellement de 20 dans l’alimentation humaine, pour une recommandation de 5), dont des acides gras essentiels très rares, les acides Y-stéardonique (GLA, précurseur des eicosanoïdes) et stéaridonique, que l’on ne trouve pas dans les autres huiles courantes, telles que le colza, l’olive ou le lin.
Atouts agronomiques
Économe en intrants azotés et en produits phytosanitaires, la culture du chanvre régénère la structure des sols et offre une diversification dans les filières locales. Bien maîtrisée, elle ne nécessite pas d’intervention au cours de son cycle de vie, d’environ 5 mois. En effet, son système radiculaire profond et pivotant lui permet de capter l’azote du sol ; son pouvoir couvrant, d’étouffer les adventices par compétition. La récolte laisse la parcelle propre, c’est une bonne « tête de culture » pour les céréales. Par exemple, un blé planté à la suite, dit « blé de chanvre », aura un rendement supérieur de 10 à 15 quintaux à l’hectare.
À noter : ces propriétés font aussi du chanvre un très excellent dépollueur des sols, les métaux lourds et autres toxiques se retrouvant captés et piégés dans la plante. Ceci doit être pris en compte pour la consommation alimentaire, en privilégiant le chanvre biologique. En Bretagne, important bassin de production, le projet Avenir bio Chanvre (ABC), porté par la société LChanvre (1) a pour ambition de développer les surfaces cultivées en bio.
Pour toutes ces raisons, agronomiques et nutritionnelles, les promoteurs du chanvre considèrent cet aliment comme particulièrement intéressant, quel que soit le niveau du développement des pays.
Une filière d’avenir
L’Espace éco-chanvre a recensé plus de 50 000 utilisations possibles du chanvre. Toute la plante peut-être transformée : tige, fibre et graine.
Les nouvelles réglementations en matière d’économie d’énergie font de la construction le débouché industriel le plus prometteur du chanvre (2). Cette plante à fibre, comme le lin, permet de construire des bâtiments aux propriétés respirantes, avec un gain thermique et acoustique majeur par rapport aux matériaux classiques, et sans les problèmes sanitaires associés. On le trouve sous forme de laine de chanvre (isolation), béton et briques de chanvre, ainsi que peintures et chaux.
Léger et solide, le chanvre est aussi utilisé pour fabriquer des matières plastiques : calandres, carrosseries de véhicules (par exemple dans la Peugeot 208, Mercedes classe A), planches de bardage ou terrasses.
En papeterie, application la plus ancienne du chanvre, cette plante à l’immense avantage d’arriver à maturité en seulement 120 jours (contre 20 à 50 ans pour un arbre). Le papier ne jaunit pas, peut être recyclé plusieurs fois et être utilisé pour des papiers de grande qualité, à cigarette, d’art, filtres à café ou à thé.
Il fournit aussi un paillage des massifs et jardins, des litières haut de gamme pour chevaux et chats, et entre dans la composition des aliments en pisciculture et aviculture. Citons enfin des applications cosmétiques : shampoings, huiles et pommades.
L’Espace éco-chanvre présente évidemment de nombreuses applications textiles du chanvre, une matière résistante qui ressemble au lin et inspire couturiers comme fabricants de draps et étoles de luxe. « C’est un savoir faire qui avait quasiment totalement disparu en France, nous travaillons depuis 15 ans pour reprofessionnaliser cette filière », note Christophe Latouche, artisan chanvrier depuis 1998.
Visite de l’espace éco-chanvre & fibres végétales, organisée par l’Agence Bio
(2) www.construction-chanvre.asso.fr
Légendes photos :
- De la brique à l’isolant en passant par la peinture, un bâtiment entier à base de chanvre.
- La chenevière, ou canebière dans le Sud de la France, désigne le champ de chanvre.
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