En 1620, une centaine de pèlerins débarque en Nouvelle-Angleterre. Après une traversée difficile, ils affrontent un hiver dévastateur : sur les cent dix pèlerins arrivés, seuls cinquante survivent. Au printemps, les colons doivent constituer des réserves pour l’hiver suivant, mais ne savent pas tirer bénéfice de la terre. Samos et Squanto, deux Indiens Iroquois de la tribu des Patuxets viennent alors à leur secours : ils leur enseignent la pêche, la chasse ou encore la récolte du maïs. Grâce à eux, la récolte de l’automne 1621 est exceptionnelle. Le gouverneur de la colonie, William Bradford, décide alors de proclamer un jour de remerciement et d’action de grâce (traduction en français de Thanksgiving), auquel sont conviés leurs voisins Indiens… Qui apportent du gibier, et des dindes à rôtir ! Pour nombre d’Américains, cette journée est à l’origine de la fête de Thanksgiving. Depuis, cette fête est incontournable pour les Américains. Et la dinde en est la star. Rôtie, parfois farcie, la dinde offre une chair savoureuse. Sa taille – parfois jusqu’à huit kilos ! – en fait un plat familial idéal.
Le repas type de Thanksgiving se compose donc d’une dinde farcie, accompagnée d’une purée de patates douces, d’une gelée de canneberge et d’une tarte au potiron sans oublier les légumes d’automne… Les présidents des États-Unis n’échappent pas non plus aux festivités, depuis que Lincoln, en 1863, a fait de cette journée une fête nationale. « Traditionnellement, le Président des États-Unis et son épouse découpent la dinde en public et la distribuent aux pauvres de Washington. Thanksgiving est fêté autant, sinon plus, que Noël : la veille de cette journée de Thanksgiving est le jour de l’année où la circulation automobile est la plus dense. »* Mais depuis quelques décennies, il semblerait que les chefs d’État préfèrent laisser la vie sauve aux dindes qui leur sont offertes : ainsi, en 1989, Georges Bush père gracia officiellement l’animal, geste réitéré par son fils puis Barack Obama. Georges Bush fils a quant à lui suscité la risée de ses concitoyens, en se faisant photographier en Irak avec une magnifique dinde en plastique, en prétendant, bien sûr, que c’était une vraie…
Et en Europe ?
Sur le Vieux continent, la dinde a également sa place, même si elle ne fut rapportée du Mexique qu’au XVIe siècle par les Espagnols. Le mot dinde vient de « poules d’Inde », les Espagnols pensant revenir des Indes. Domestiquée par la suite, sa chair tendre et ses cuissots dodus, la font vite remplacer l’oie lors des fêtes de Noël. Du fait de sa rareté, elle était en effet considérée comme un volatile exotique, digne de figurer au menu des souverains. De plus, comme sa viande est maigre, on peut la déguster sans risque de le regretter : 100 grammes de poitrine de dinde contiennent seulement un gramme de graisse. Elle est également riche en albumine, en vitamines et en minéraux… Des considérations diététiques qui expliquent la longévité de son succès. Elle figure désormais en bonne place dans les rayons des supermarchés, en filets, en cuisses ou en tranches, et se consomme ainsi tout au long de l’année. Mais si l’on privilégie le goût de la chair, mieux vaut attendre la fin du mois de décembre : c’est à cette époque que dindes, oies et canards atteignent leur pleine saveur. C’est pourquoi nombre de familles la privilégie pour leur repas de Noël. Selon Brillat-Savarin (1755-1826), illustre gastronome français : « la dinde est certainement un des plus beaux cadeaux que le nouveau monde ait fait à l’ancien ». Une observation quelque peu dithyrambique, mais révélatrice de la « success story » de la dinde.
* Lexique des civilisations américaines et britanniques, Michel Goffart, Editions PUF, 1999.
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