LE NOMBRE d’études cliniques prospectives destinées à évaluer les liens entre le risque cardio-vasculaire et l’importance des ingesta glucidiques est très limité. Pour S. Sieri et coll. (épidémiologie nutritionnelle, Milan), elles sont au nombre de 4 seulement. C’est pourquoi ces auteurs ont cherché à évaluer ce lien chez des sujets de l’étude EPICOR initialement recrutés dans le cadre du programme EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and nutrition study) (1).
Une étude de cohorte sur plus de 45 000 sujets.
Ce travail a ainsi pu porter sur 47 749 volontaires, 15 171 hommes et 32 578 femmes, qui ont rempli un questionnaire portant sur la composition de leur alimentation. L’analyse a ensuite porté sur l’index glycémique de ces apports alimentaires, qui mesure la courbe de glycémie postprandiale, ou plus exactement l’aire sous la courbe qui dépasse la valeur de la glycémie à jeun, qu’ils induisent (2). La charge glycémique à laquelle ils correspondent, qui est le produit de l’index glycémique par le contenu en hydrates de carbone des aliments, a également été mesurée. Cela permet en effet des comparaisons de l’effet glycémique prévisible de portions d’aliments et de repas (3). Le risque cardio-vasculaire des sujets de l’étude a été déterminé par l’accès aux comptes-rendus de sortie d’hôpital et aux registres hospitaliers de mortalité, ainsi qu’à la banque de données EPICOR. La durée médiane de la période de suivi a été de 7,9 ans et 181 sujets seulement ont été perdus de vue.
L’index glycémique de l’alimentation, facteur de risque chez les femmes ?
Au total, 463 événements coronaires majeurs ont été dénombrés chez 305 hommes et 158 femmes. L’incidence de ces événements a été plus élevée en Italie du nord (Turin, Florence et Varèse, dans la région des lacs) qu’en Italie du sud (Naples et Raguse, en Sicile). L’analyse multivariée des données recueillies a montré que chez les femmes dont les apports alimentaires glucidiques sont situés dans le quartile supérieur, le risque coronarien est significativement plus élevé que chez les femmes dont les apports glucidiques se situent dans le quartile le plus bas, le risque relatif étant de 2,00 (intervalle de confiance à 95 %, 1,16-3,43). Fait intéressant, cette élévation du risque lié à l’alimentation riche en glucides n’a pas été retrouvée chez les hommes (p = 0,04). Une association statistiquement significative a également été retrouvée chez les femmes entre l’augmentation du risque coronarien et la consommation d’aliments ayant un index glycémique élevé (risque relatif 1,68, intervalle de confiance à 95 % 1,02-2,75). Une telle relation n’a pas été mise en évidence pour les aliments ayant un index glycémique bas. De même, une association statistiquement significative a été trouvée chez les femmes entre l’augmentation du risque coronarien et la charge glycémique. Le risque relatif entre le quartile le plus élevé et le quartile inférieur a été de 2,24, avec un intervalle de confiance à 95 % de 1,26 à 3,98. Là encore, chez les hommes, la relation entre ces paramètres n’a pas atteint le seuil de significativité statistique (p = 0,03).
Ainsi, cette étude particulièrement vaste montre qu’une alimentation riche en hydrates de carbone est associée à une augmentation significative du risque coronarien chez les femmes. En revanche, une telle association n’a pas été mise en évidence chez les hommes. Pour les auteurs, cette différence pourrait s’expliquer par les conséquences de cette alimentation sur les lipides. En effet, un abaissement du HDL-cholestérol et une élévation de la triglycéridémie seraient moins néfastes chez les hommes que chez les femmes. Une différence de réponse insulinémique est également évoquée.
Références
(1) Sieri S, et coll. Dietary glycemic load and index and risk of coronary heart disease in a large italian cohort. The EPICOR study. Arch Intern Med 2010 ; 170 (7) : 640-7.
(2) Jenkins DJ, et coll. Glycemic index of foods : a physiological basis for carbohydrate exchange. Am J Clin Nutr 1981 ; 34 : 362-6.
(3) Monro J. Redefining the glycemic index for dietary management of postprandial glycemia. J Nutrit 2003 ; 133 : 4256-8.
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