Bien sûr, la première (les multiples) image(s) qui vient à l’esprit est celle de la Vierge donnant le sein à Jésus. Combien de tableaux, de gravures, de vitraux lui ont été consacrées… avec un bonheur tout à fait inégal d’ailleurs. Jusqu’à ce que les cardinaux du Concile de Trente (1563) découvrissent, bien tard, que ces œuvres montraient un sein qu’on ne saurait surtout pas voir.
De toute façon, toutes ces Vierges ne doivent pas faire oublier toutes les déesses qui ont allaité bien avant elles, en particulier, de nombreuses statuettes retrouvées dans tout le bassin méditerranéen nous montrent Isis allaitant son fils Horus, un lait qui lui permit de le sauver d’une morsure de serpent.
Très loin de là, Xchiquetzal, déesse aztèque de la fertilité est représentée donnant le sein. De fait, pas une civilisation qui ne nous livre ce type de représentation chez les femmes.
Des Dieux et des pauvres.
Dans les légendes et pendant de nombreux siècles, l’Art s’est focalisé sur les Dieux et les puissants. L’allaitement est donc le seul thème possible car il n’est pas question de voir une déesse ou un Dieu se livrer à des tâches domestiques. La diversification vient d’ailleurs : c’est le lait d’une louve qui sauve les fondateurs de Rome (Romulus et Rémus). Même si Pétrarque et quelques autres historiens font remarquer que la « lupa » pouvait fort bien désigner une prostituée (les prostituées furent longtemps nourrices), les statues, statuettes et gravures représentent les deux frères sous la louve nourricière parsèment les places et musées de Rome.
C’est le lait d’ânesse et pas seulement son nez qui font de Cléopâtre une beauté légendaire qui a inspiré toutes les formes d’art : innombrables gravures, dessins et tableaux, 5 ballets, 45 opéras, 71 pièces de théâtre, 7 films long métrages ! Si le lait d’ânesse ne jouit pas d’une célébrité comparable, il a été utilisé par de très nombreuses femmes dans l’empire romain, comme l’épouse de Néron.
Le lait au quotidien.
Il faut attendre très longtemps pour que l’art s’intéresse aux humbles et leur quotidien.
À ce titre, comment ne pas célébrer l’apport de J. Vermeer de Delft qui à une époque où Rubens peint Rémus et Romulus, nous offre la Laitière, l’un des plus célèbres tableaux au monde. La lumière et les couleurs inimitables de Vermeer font de cette scène banale de la vie quotidienne, une femme qui verse du lait dans une cuisine populaire, une œuvre hors du commun. La peinture ne représente pas des sujets célèbres-elle est le sujet ! Le lait est l’outil de cette démonstration magistrale.
Le lait peut aussi nourrir les « morales » des fables comme l’illustre « La Laitière et le pot au lait » de la Fontaine. Tout élève a en mémoire les déboires de Perrette qui porte son seau de lait sur la tête pour aller le vendre au marché. Le lait symbolise les moyens d’améliorer les conditions d’existence de sa famille mais Perrette rêvant trop aux lendemains qui chantent, trébuche, le lait se répand : « Adieu veau, vache, cochon, couvée… »
À côté du lait ascenseur social, il y a le lait marqueur social et l’on peut même dire manifeste social comme l’illustre si bien l’Atelier de Courbet. On sait que ce tableau très politique fait figurer le peintre au milieu de riches et de pauvres, de vainqueurs et de vaincus : la Misère y a les traits d’une Irlandaise qui allaite son enfant… Comment ne pas penser aux terribles et sublimes photos qui, plus près de nous, nous montrent ces femmes décharnées du Sahel qui tiennent leurs enfants sur des seins qui ne peuvent plus rien donner…
Le lait pas si bête…
Ce bref survol de la place du lait dans l’art devrait s’achever par une évocation magistrale. Mais pourquoi ne pas souligner que l’art, comme le lait, peut être populaire.
Que Fernandel et Henri Verneuil nous pardonnent, mais beaucoup d’intellectuels penseront que La Vache et le prisonnier n’ont pas leur place ici. D’abord, ce n’est que le 7e art ; qui plus est un succès comique et commercial (près de 9 millions d’entrées en 1959 quelle horreur !) Pourtant, Marguerite-et son lait- permet à un homme simple de se transformer en évadé génial. La vache et lait transformés en camouflage, tout en restant un moyen de subsistance.
Il n’y aurait pas un tout petit peu de philosophie dans tout cela !
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