On sait maintenant que la vie in utero et les deux premières années impactent très fortement la susceptibilité de chacun face à la maladie, en particulier les affections chroniques de l’adulte.
Grâce à la théorie validée de l’origine développementale de la santé et des maladies (DOHaD), « on s’était déjà aperçu que notre santé à l’âge adulte dépendait de ce qui s’était passé pendant la vie in utero et les deux premières années après la naissance », explique d’emblée le Pr Claudine Junien. Cette période conceptionnelle et post-natale est cruciale car pendant ces quelques 1 000 jours, les organes se développent et s’organisent en système. Les 1 000 premiers jours constituent en soi une fenêtre importante de prévention des maladies qui peuvent survenir 30 ou 40 ans plus tard dans l’existence de chacun. » Alors que l’on a longtemps cru que le seul capital génétique conditionnait la santé d’un individu, on sait maintenant que les facteurs environnementaux peuvent modifier le bon déroulement du programme génétique, en intervenant non pas directement sur les gènes, mais sur toute la machinerie complexe qui en contrôle la lecture (transcription et expression). « L’épigénétique est un mécanisme universel commun à l’ensemble du monde vivant dont les effets retiennent la mémoire des effets des facteurs environnementaux auxquels un individu est soumis tout au long de la vie », souligne le Pr Junien.
Pas d'aliment bon ou mauvais
Parmi tous les facteurs environnementaux (pollution, alimentation, stress, influences culturelles, influences psycho-affectives, activité physique…), l’alimentation joue un rôle capital. Pourtant les recommandations de bon sens parviennent difficilement aux futures mères, noyées par toutes les informations souvent contradictoires. Pour le Pr Junien, « il y a seulement des aliments adaptés dont on a besoin qualitativement et quantitativement de façon mesurée et modérée ». Ainsi « dire qu’un aliment est bon ou mauvais pour la santé est stupide ». Il existe aussi, selon la spécialiste « trop de restrictions alimentaires aujourd’hui chez la femme enceinte et par conséquent des enfants au moment même où ils ont besoin de tout ». Le Pr Junien cite l'exemple les graisses saturées. « On a tellement insisté sur ce point pour ensuite s’apercevoir que le fœtus et le nourrisson ont aussi besoin de graisses saturées comme source énergétique, pour le métabolisme et la construction », précise-t-elle. Vouloir diminuer les graisses saturées « est une ineptie qui pousse certains parents a donné aux enfants du lait écrémé », déplore la spécialiste.
Chez le nourrisson, les apports doivent être variés, équilibrés et sans restriction. « Le lait d’une mère en bonne santé est d’ailleurs la meilleure source possible », insiste le Pr Junien qui appelle à changer les mentalités. « Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne qu’il faut en manger beaucoup ou à l’inverse se priver d’un aliment qui serait soi-disant néfaste pour la santé sans preuves », conclut-elle. Mis à part l’alcool et le tabac qu’il faut bannir complètement pendant la gestation et l’allaitement, il paraît donc important d’éduquer sur l’importance de ces 1 000 premiers jours.
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